Bonjour les amis;
Nous voici donc à la fin de l’année 2017. J’espère que vous avez passé une bonne année et que vous préparez bien celle qui s’annonce.
Le livre et l’auteur
« Faites moi partager votre bonheur mais pas votre malheur » p.392 tels sont les mots du protagoniste principal du Chant de Salomon, au nom assez spécial de Macon Mort surnommé Laitier (dans la version originale, c’est plutôt Macon Dead surnommé Milkman), en pleine séance de remise en question. Je vous préviens, il s’agit vraiment d’une œuvre assez originale, loufoque en ce qui concerne les personnages mais au fond qui aborde des sujets plutôt intéressants.
Toni Morrison, de son vrai nom Chloe Anthony Wofford, est née en 1931 à Lorain dans l’Ohio dans une famille ouvrière de quatre enfants. Après L’Oeil le plus bleu, elle publie en 1977 Le Chant de Salomon, qui est couronné par le Grand Prix de la critique et remporte un énorme succès. Romancière, professeure de littérature à l’Université de Princeton et éditrice américaine, elle remporte le Prix Pullitzer en 1988 pour son roman Beloved (qui a d’ailleurs été adaptée au cinéma avec Oprah Winfrey en 1998 et la fait connaitre en France) ainsi que le Prix Nobel de Littérature en 1993.
Elle est à ce jour la huitième femme et le seul auteur afro-américain à avoir reçu cette distinction. Toni Morrison a reçu d’autres distinctions ces dernières années mais je vous les épargne 😉 aujourd’hui elle est retraitée de l’Université de Princeton où elle vit d’ailleurs. Délivrances est son dernier roman. (Sources : Wikipédia et Babelio).
Le roman fait 473 pages, est divisé en deux parties et est publié aux Editions 10/18. La quatrième de couverture nous fait part d’une odyssée vers un retour aux sources de Macon Mort, troisième du nom, alias Laitier (la raison de ce surnom est expliqué au début de l’histoire) jeune noir-américain de bonne famille parti retrouver d’hypothétiques lingots d’or dans le Sud des Etats-Unis.
Tout ceci se déroulant plutôt dans la première moitié du XXe siècle. En réalité, ce voyage vers un retour aux sources ne prend forme qu’à la fin de la première partie qui retrace les divers événements constituant la vie de Laitier. Evénements nécessaires pour la suite bien sûr.

Mon ressenti
J’ai eu du mal à accrocher au début de ma lecture. L’histoire me semblait décousue, sans queue ni tête puis avec des prénoms comme Laitier; Guitare; Corinthiens Un; et Pilate; j’étais un peu perdue. Je ne savais pas où l’auteure voulait en venir. Mais j’ai persisté et j’ai fini par apprécier ce que je lisais. Une lecture originale, loufoque, parfois irréelle qui vous entraîne tout en laissant transparaître des points que je vais développer de ce pas.
En premier lieu, avec l’histoire de Macon Mort III alias Laitier, je retiens comme idée principale que bien qu’étant issus de la même communauté, nous ne vivons pas les mêmes réalités. Et ceci est souvent vrai lorsque l’on considère deux individus de niveaux de vie différents. Lorsque l’on est bien né, que l’on vit dans une famille aisée et que l’on n’a jamais manqué de rien, c’est difficile de comprendre ce que peuvent vivre d’autres personnes qui n’ont pas eu cette opportunité.
C’est possible de s’imaginer ce que les autres, moins nantis, vivent mais la compréhension de leur monde et de leurs représentations ne peut être complète que si l’on y fait sa propre expérience. Il est bien dit qu’il faut marcher dans les chaussures d’autrui avant de savoir ce qu’il ressent.
Autre chose ensuite qui transparaît de l’histoire de Laitier, eh bien c’est le fait que être issu d’une famille aisée peut monter à la tête (ce n’est pas un scoop d’ailleurs) jusqu’à se sentir « supérieur » aux autres. Si en plus l’on a quasiment toujours eu ce que l’on voulait sans mettre la main à la pâte, cela peut mener à des dérives. Les gens peuvent devenir des jouets que l’on utilise et que l’on jette lorsqu’on en est lassé. Le tout sans forcément s’en rendre compte.
Ou alors, il peut arriver de ne pas voir l’humain derrière une interaction et de tout limiter au matériel pensant que tout et tout le monde s’achète. Tout ceci fait référence à comment je décrirai Laitier. Ce n’est pas un « méchant garçon » mais il a été tellement couvé et gâté qu’il peut justement en arriver à penser la phrase qui introduit cet article, dans un moment où il se rend compte qu’il est un peu « déconnecté » de la réalité.
Et je finirai avec Guitare, l’ami d’enfance et meilleur ami de Laitier (oui c’est perturbant tout ça) qui ici incarne ce que peut devenir une personne qui a été rapidement confronté à la « dureté » de ce qu’était la vie des sujets Noirs à cette époque. Il est bien dit qu’il ne faut pas rendre le mal par le mal mais certaines injustices sont responsables de comportements encore plus injustes voire atroces de la part de ceux qui étaient initialement opprimés.
Il y aurait encore à dire sur ce livre, notamment sur les relations dans la famille de Laitier, entre ses parents eux-mêmes, entre ses parents et lui ou comment il est perçu par ses sœurs (dont l’une s’appelle vraiment Corinthiens Un) par exemple et bien plus encore. Mais je vous laisserai découvrir tout cela si jamais vous décidez d’acheter le livre. Vous serez peut-être « choqués » par moments mais bon, cela fait partie du charme de l’histoire (n’y voyez rien de lubrique pour autant hein 😉 )
Je m’arrête donc ici. Toni Morrison est connue pour ses écrits assez spéciaux mêlant lyrisme, magie, réalisme, observation psycho-sociale mais excellents et je pense réellement lire un autre de ces livres prochainement. Pour le rajouter sur une étagère de votre bibliothèque, c’est par ici. A Lomé, pensez aux diverses librairies de la capitale si vous ne pouvez le commander sur internet.
Prenez bien soin de vous, et à bientôt pour un nouvel article.
Bisous.
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