Le livre et l’auteur
« Souvent j’allais passer quelques jours à Tindican, un petit village à l’ouest de Kouroussa (…) Je me rendais là avec un plaisir extrême, car on m’y aimait fort, on me choyait, et ma grand-mère particulièrement, pour qui m’a venue était une fête ; moi je la chérissais de tout mon cœur ».
Avec ses mots d’enfant, Camara Laye nous emmène en voyage dans ses souvenirs. Souvenirs marqués essentiellement par la vie rurale, aux côtés de ses parents et de ses amis, qu’il appréciait grandement. Mais tout comme on ne peut arrêter la course du temps, on sent qu’il tend inexorablement vers un changement de destinée, loin de ce qu’il avait toujours connu.
Éditions : Pocket
Pages : 224
Camara Laye est un écrivain guinéen d’expression Française, né à Kouroussa, un village de Haute-Guinée (République de Guinée ou Guinée Conakry) en janvier 1928. Après ses premières années d’école près de son village, il part pour Conakry, la capitale où il obtient un CAP de mécanicien. Grâce à l’obtention d’une bourse d’études, il s’envole pour la France où il tente en vain de devenir ingénieur. C’est à cette période que son premier roman L’enfant noir voit le jour en 1953. Dans un contexte d’accession à l’indépendance, Camara Laye retourne à Conakry en 1956 où il occupera des fonctions importantes au ministère de l’Information. Il s’exilera par la suite au Sénégal devant la politique dictatoriale de Sékou Touré, dénoncée dans son dernier roman Dramouss, paru en 1966.
Camara Laye décède en février 1980 à Dakar. (Sources : 1ère page du livre, Babelio et Wikipedia).
Mon ressenti
Agréable. Le récit est réparti en douze chapitres et narré à la première personne par l’auteur lui-même. Comme je le disais plus haut, la plume est plutôt simple mais cela confère une certaine sensibilité au récit.
Sur le fond maintenant, l’auteur nous plonge dès les premières pages, dans son quotidien auprès de son père forgeron et de sa mère respectée par la communauté pour certains pouvoirs de clairvoyance et de guérison qu’elle aurait. Il rend visite à sa grand-mère dès que possible, à Tindican où il revoyait également certains de ses oncles, tous plus affectueux les uns que les autres envers lui. Entouré de ses compagnons de jeu, il vivait une existence plutôt insouciante.
Puis progressivement, le jeune Camara, initialement promu pour prendre la relève de la forge de son père, se retrouvera sur le chemin de l’école occidentale avec ce que cela implique d’éloignement par rapport au chemin qui lui était tracé.
Cela dit, bien qu’il soit au contact avec une instruction venue d’ailleurs, qu’il s’appliquait d’ailleurs à bien suivre pour rendre ses parents fiers, il n’en demeure pas moins que Camara Laye est au fait des traditions, coutumes et parfois mystères de son milieu. D’ailleurs il n’y échappera pas (rite de la circoncision). Et cela vient peut-être de ses parents, notamment de son père qui le laisse libre de choisir sa voie tout en lui expliquant le monde autour de lui. Son père fait preuve également d’un certain respect envers sa femme, chose qui peut s’avérer rare dans certains milieux ruraux Africains où celle-ci n’a pas son mot à dire. Femme qui d’ailleurs se fait remarquer par son caractère ferme.
Mais comme mentionné plus haut, plus Camara Laye avançait dans sa scolarité, plus approchait l’éventualité qu’il devrait quitter son cocon familial pour espérer aller plus loin que ses copains de jeu. Avec cette partie, l’on voit se dessiner la douleur des parents et de l’enfant, qui vient avec la séparation. Puis la vie à Conakry n’était pas exempte de tracasseries. Néanmoins, chaque situation ayant un début et une fin, une fois la phase d’accommodation passée et la période scolaire terminée, les grandes vacances faisait l’objet d’un retour au village et d’une célébration en bonne et due forme de celui qui revenait de la ville.
En somme, avec ce premier roman, Camara Laye livre une autobiographie authentique où se mêlent les thèmes de confrontation de cultures, d’amitié et de jeux d’enfance, de respect des traditions, d’amour familial et de la déchirure qui vient avec le fait de quitter son milieu pour un autre.
Il fait partie des Classiques de la Littérature Africaine et je ne peux que vous le recommander. Il est disponible ici. Quant à moi, je vous dis à bientôt pour un nouvel article. Dans l’intervalle, prenez soin de vous.
Bisous.



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