En attendant demain – Nathacha Appanah

Le livre et l’autrice

Anita est d’origine Mauricienne. Adam est du Pays basque. Elle fait des études en fac de lettres, aspire à des projets allant du journalisme à une carrière d’écrivaine. Il fait des études d’architecture mais se sent plutôt l’âme d’un peintre et d’un ébéniste. Aucun d’eux ne trouve sa place en région parisienne. Lorsqu’ils finissent par se rencontrer, c’est comme une évidence. Ils partent s’installer au Pays basque, dans une maison construite par Adam, ont une fille et essaient de vivre au mieux leur quotidien. Mais les années passent, les rêves flétrissent et c’est comme si un grain de sable s’était glissé quelque part dans le rouage. Jusqu’à l’arrivée d’Adèle. Adèle qui fera tout basculer.

Éditions : Folio

Pages : 222

Je ne reviendrai pas sur la biographie de Nathacha Appanah, déjà mentionnée dans mon article sur son œuvre Le dernier frère.

En attendant demain est son sixième roman, paru en 2015 aux éditions Gallimard.

Mon ressenti

Un excellent moment de lecture. Je ne m’y attendais pas. Le récit est écrit à la troisième personne, en trois parties de cinq à six chapitres. On retrouve le caractère lyrique de la plume de Nathacha Appanah, qui ne se prive pas d’ailleurs de faire de nombreuses descriptions, attirant l’attention du lecteur/de la lectrice que des détails infimes du quotidien, un peu comme une invitation à ralentir et à profiter du voyage.

En ce qui concerne le fond maintenant, comme je le mentionnais dans le résumé plus haut, on fait la connaissance d’Anita et d’Adam au départ avant l’irruption d’Adèle dans leur vie. Étiqueté comme « couple mixte », leur duo permettra de mettre en lumière plusieurs thématiques. En effet, tous deux ont quitté leur cocon natal pour Paris avec pour conséquence le sentiment de ne pas forcément être à sa place ; associé pour Anita, même des années après avoir quitté Paris, au racisme systémique et aux préjugés que la société Française peut avoir sur les étrangers.

« Ce mélange de nostalgie, de tristesse, de désir, de manque, cette envie profonde d’être ailleurs – Anita éprouva pour la première fois le mal du pays.» p. 26

« Il a oublié qu’il a été le provincial de service quand elle est, encore, l’étrangère de service. » p. 53

Certaines situations la pousseront même à gommer sa culture et bien qu’Adam soit son mari, on assiste à des scènes où ce dernier ne comprend pas en quoi ses propos peuvent la heurter (un peu comme le fameux « j’ai un ami Noir » lorsqu’on pointe du doigt des remarques un peu borderline chez quelqu’un). L’évolution de leur couple permet aussi de voir qu’il n’est pas évident de conserver la flamme des débuts et qu’il est nécessaire que chacun s’épanouisse individuellement avant un épanouissement commun.

Et enfin, leur vie de famille, notamment avec la petite Laura offre le point de vue et le vécu de l’enfant qui ressent pleinement que quelque chose cloche chez/entre ses parents et qui de façon innocente essaiera d’arranger les choses, prenant le risque parfois de les aggraver…

L’arrivée d’Adèle, quant à elle, ouvre le champ sur les questions du deuil, des idées suicidaires, de la reconstruction de soi, des précautions à prendre sur qui on fait rentrer chez soi, de l’exploitation de la vie d’autrui à des fins personnelles et de la malhonnêteté dont l’humain peut être capable envers son prochain.

« (…) et je ne savais pas qu’il fallait chérir chaque instant, je ne savais pas qu’il fallait rendre grâce pour la lumière, pour la chaleur, pour le sang qui coule dans les veines, pour les sourires, pour le plat chaud, pour le verre d’eau fraîche, pour le cœur qui bat. Je ne savais pas. » p. 146

En somme, ce fut un huis clos où se mêlent les destinées de trois adultes, portant leurs rêves et leurs désillusions ; leurs joies et peines avec une intrigue pouvant paraître évidente mais pas tant que cela in fine. Chaque personnage est finement développé par Nathacha Appanah et même si on ne s’attache pas complètement à eux, on a à la rigueur les éléments pour voir les choses de leur point de vue. Après des lectures plutôt « sérieuses » avant celle-ci, cela m’a fait du bien d’avoir cette ambiance un peu intimiste, avec une histoire révélant la complexité de l’humain. Ce ne sera sûrement pas le dernier roman de Nathacha Appanah que je lis, bien au contraire.

Il est disponible ici. Sur ces mots, je vous dis à bientôt pour un nouvel article. Dans l’intervalle, prenez soin de vous.

Bisous.



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A PROPOS

La lecture m’accompagne au quotidien depuis quasiment mon enfance. Passionnée par les auteurs Africains, Afro-descendants et des minorités en général, je ne m’empêche pas d’explorer d’autres horizons lorsque j’en ai envie ou lorsqu’on me le propose. Depuis plus de 5 ans, je partage mon ressenti et mes avis aussi bien par ici que sur Instagram, Facebook et Twitter. Bienvenue, j’espère que la visite vous plaira et n’hésitez pas à me suivre sur mes réseaux sociaux pour plus d’échanges autour des livres. Annette.

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