Le livre et l’autrice
1619. Depuis l’enfance, Altha a appris à communiquer avec la nature et à se servir de ses secrets pour venir en aide aux personnes autour d’elle. Et pourtant, lorsqu’un drame se produit dans le village où elle a grandi, elle est pointée du doigt et accusée de sorcellerie.
1942. Violet est une jeune fille de bonne famille Britannique, relativement enfermée par son père dans le manoir familial mais rêvant secrètement de partir à la découverte du monde. Monde qui semble en plus lui parler dès qu’elle met le nez dehors. Cette charmante innocence sera troublée par l’arrivée d’un proche au manoir.
2019. Souhaitant mettre le plus de distance possible entre son compagnon abusif et elle, Kate se réfugie dans une vieille maisonnette appartenant à une parente éloignée. Dès le départ, elle sent que quelque chose cloche avec cette maison mais elle prend son courage à deux mains et décide d’y rester.
Editions : Les Escales
Pages : 405 (version numérique sur Kindle)
*Attention, TW violences verbales, physiques et sexuelles, deuil, enfance perturbée*.
Emilia Hart est une autrice née à Sydney et qui a déménagé à Londres au cours de sa vingtaine.
La maison aux sortilèges (Weyward en VO), son premier roman, voit le jour en 2023. Il a été tout de suite plébiscité par le public, intégrant la liste des best-sellers au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
Mon ressenti
Captivant. Il existe des livres qui exercent sur vous une sorte d’attraction. Comme s’ils vous appelaient. La couverture de cette œuvre (bien plus belle en vrai qu’en version numérique) m’a tapé dans l’œil l’année dernière. Étant fan de romans historiques, inspirés de faits de réels ou non, le résumé m’a encore plus intéressé. J’ai fini par craquer un an plus tard et je n’ai pas été déçue.
La narration est faite à tour de rôle, à la troisième personne en ce qui concerne Violet et Kate et à la première personne lorsqu’il s’agissait d’Altha. Naviguer entre les époques confère un certain rythme à la lecture, sans pour autant perdre le/la lecteur/lectrice. Les pages défilent et on a envie de découvrir le lien entre ces trois femmes.
Lorsqu’on se penche sur le fond, la principale thématique tout au long de l’œuvre est celle des violences faites aux femmes, aussi bien verbale que physique (coups et blessures, abus sexuels et violences conjugales) et leur retentissement psychologique (sentiment de honte, baisse d’estime de soi, anxiété et symptômes évoquant un stress post-traumatique). Mais Emilia Hart explore également les questions de la perte d’un parent, de son vécu par l’enfant et de comment cela joue sur la construction de l’adulte qu’il/elle deviendra. Enfin, de façon plus propre à l’histoire d’Altha, elle nous met face à l’hypocrisie de l’humanité, acceptant l’aide d’une main lorsqu’elle en a besoin et poignardant son bon samaritain avec l’autre main lorsque le vent tourne en sa défaveur (procès des « sorcières »).
Et pourtant, malgré toute la douleur présente dans l’histoire de ces trois femmes, on y perçoit leur force, leur détermination à aller de l’avant pour elles mais aussi pour celles qui les suivront. C’est une belle ode à la sororité, à l’amitié féminine, à l’amour d’une mère mais aussi de ses proches de façon générale lorsqu’on est bien entouré et aux trésors qu’offre la nature si on y prête attention.
« Tout est le fruit de la magie, les feuilles et les arbres, les fleurs et les oiseaux, les blaireaux, les renards et les écureuils, et les êtres humains. Elle est forcément partout autour de nous. » p. 270.
Altha était ma favorite. J’ai beaucoup apprécié sa ténacité, son empathie et sa capacité à continuer à aider les autres malgré les crasses qu’ils pouvaient lui faire. Violet était charmante avec sa curiosité, son esprit vif et sa volonté à s’émanciper d’un père autoritaire. Kate, quant à elle a su renaître de ses cendres et reprendre le cours de sa vie à distance de son conjoint violent.
« Les liens entre femmes sont les plus redoutés, les plus difficiles et constituent, potentiellement, la force de transformation la plus puissante de la planète ». p. 433.
Après ces éloges, je conclurai avec les points qui m’ont dérangé. En premier lieu, j’ai noté une certaine répétition dans le vécu des personnages, notamment entre Violet et Kate. J’ai eu l’impression de lire la même histoire à certains moments. Ensuite, j’ai trouvé la révélation du lien entre ces femmes longue à venir et j’ai regretté que la vie de Violet n’ait pas été aussi détaillée que celles d’Altha et de Kate alors qu’elle semblait fort intéressante du peu que l’autrice en a dit.
En somme, je recommande. Cependant, ayez le cœur accroché parce que ce n’est pas une lecture facile et on peut avoir l’impression que ces femmes enchaînent les malheurs. Mais les choses finissent par se décanter. Pour un premier roman, Emilia Hart a fait fort en proposant un roman à la croisée entre le genre historique et contemporain avec des thèmes qui transcendent le temps qui passe. N’hésitez pas à vous rendre chez votre libraire ou dans votre bibliothèque de proximité pour vous le procurer.
Quant à moi, je vous dis à bientôt pour un nouvel article. Dans l’intervalle, prenez soin de vous.
Bisous.



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