Puissions-nous vivre longtemps – Imbolo Mbue

Le livre et l’autrice

« Ils avaient crié victoire trop vite. Ce soir, nous leur avions déclaré la guerre, et demain matin nous attendrions leur arrivée. Ils auraient dû savoir que nous ne capitulerions pas aussi facilement ».

Ce sont les enfants de Kosawa qui parlent. Peu de gens sauraient placer ce village sur une carte du monde. Et pourtant, les terres de ce dernier regorgent d’une richesse convoitée : le pétrole. Alors qu’ils vivaient paisiblement depuis plusieurs années, ces enfants commencèrent à périr d’une maladie inconnue. Pexton, l’usine pétrolière implantée à proximité assurait aux villageois ne pas avoir d’idée sur le mal qui les rongeai malgré les fuites de ses pipelines au sein de leurs terres agricoles et l’élimination de ses déchets toxiques dans le cours d’eau où ils s’approvisionnaient. Après une énième perte, il a fallu dire stop aux bobards de Pexton et confronter les responsables. Le peuple de Kosawa parviendra-t-il à obtenir réparation ?

Editions : Pocket

Pages : 540

J’ai déjà abordé la biographie de Imbolo Mbue dans mon article sur sa première œuvre « Voici venir les rêveurs ».

Mon ressenti

Captivant. La narration est faite à la première personne du singulier ou du pluriel et alterne les points de vue de Thula, une pré-adolescente de dix ans ; de son groupe de pairs, sa mère, son oncle ou encore de son frère. L’écriture est vive, pleine d’une rage contenue qu’on peut presque palper du doigt lors de la lecture, ainsi que d’une tension relative aux affrontements entre Pexton et les villageois dont on a hâte de savoir le dénouement.

En ce qui concerne le fond, Imbolo Mbue se sert de l’histoire d’un village fictif de l’Afrique de l’Ouest pour dénoncer plusieurs problématiques avec au centre celle de la pollution de l’environnement et de ses retombées sur les populations locales. Gravitant autour de cette question, on retrouve celles indissociables du capitalisme et de la recherche du profit personnel par les représentants politiques censés servir le peuple. Le tout dans un contexte colonial/post-colonial avec les bouleversements inhérents à cette période (évangélisation, arrivée de l’instruction occidentale, perte de repères culturels autochtones, formation des premières élites intellectuelles autochtones). Tout cela conduit à un cocktail détonant, surtout avec une plume aussi dynamique et rythmée.  

Ainsi, on apprend à connaître Thula, aînée d’une fratrie de deux enfants dont le père s’est rendu à la capitale du pays afin de demander des comptes aux pouvoirs publics par rapport aux nombreuses morts dénombrées au sein des enfants de leur village et qui n’en est jamais revenu. En chœur avec ses camarades d’âge, elle nous relate progressivement la succession des évènements depuis l’implantation de Pexton à quelques kilomètres de Kosawa jusqu’à la survenue des premiers symptômes d’une maladie mystérieuse qui emportera plusieurs personnes de leur communauté, surtout des enfants.

Au fil des années, Thula portera ce mouvement de résistance face à Pexton. En effet, de tous ses camarades, ce sera elle qui réussira à accéder à une instruction et à des moyens pour espérer faire pression sur l’entreprise. Malgré l’appel à la prise des armes de ses amis, elle demeurera fidèle à une attitude pacifique dans la révolte.

J’ai beaucoup apprécié son personnage et ai eu de la peine pour elle à plusieurs moments, surtout au vu de son statut de femme dans une société majoritairement régie par des hommes. J’ai également apprécié l’ensemble de ses camarades dont les revendications étaient légitimes malgré le caractère détestable de certains de leurs moyens pour arriver à se faire entendre. J’ai enfin été déçue par certains d’entre eux, préférant regarder leur nombril plutôt que de participer aux efforts pour la survie du groupe (pour une fois que la collectivité devrait primer…).

En somme, c’est une lecture que je recommande chaudement. Imbolo Mbue m’avait conquise avec sa première œuvre. Avec celle-ci, elle rejoint le club des autrices que j’apprécie vraiment lire et dont je suivrai attentivement les prochaines sorties.

N’hésitez pas à vous rendre en librairie ou dans la bibliothèque la plus proche de chez vous pour vous procurer un exemplaire. Et une fois que vous l’aurez lu, revenez partager votre ressenti avec moi.

Dans l’attente d’un prochain article, prenez soin de vous et à bientôt. Bisous.



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A PROPOS

La lecture m’accompagne au quotidien depuis quasiment mon enfance. Passionnée par les auteurs Africains, Afro-descendants et des minorités en général, je ne m’empêche pas d’explorer d’autres horizons lorsque j’en ai envie ou lorsqu’on me le propose. Depuis plus de 5 ans, je partage mon ressenti et mes avis aussi bien par ici que sur Instagram, Facebook et Twitter. Bienvenue, j’espère que la visite vous plaira et n’hésitez pas à me suivre sur mes réseaux sociaux pour plus d’échanges autour des livres. Annette.

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