Le livre et l’auteur
Cathy est née d’une mère Noire et d’un père Blanc inconnu. Toute sa vie, sa différence la marquera et elle cherchera à connaitre l’identité de son géniteur. Après avoir gardé ce secret pendant longtemps, sa mère Sibila finira par le lui révéler avant son départ pour la France où elle souhaite poursuivre ses études. Au fil des lignes, l’on voit se dévoiler la vie de la mère et se dessiner celle de la fille sur fond de contexte colonial et post-colonial, avec un dénouement qui en surprendra plus d’un.
Pages : 212
Éditions : Éditions du Rocher – Collection Motifs
Monique Ilboudo, née en 1959 à Ouagadougou, est une femme de lettres, femme politique, avocate et militante des Droits de l’Homme. Après une première partie de ses études de droit au Burkina, elle les poursuivra d’abord à Lille puis à Paris avant de retourner au Burkina Faso où elle deviendra enseignante à l’Université.
Très impliquée dans les luttes concernant la condition de la femme, elle tiendra la chronique « Féminin Pluriel » dans un quotidien national tout en créant l’observatoire de la condition de la femme burkinabé. Par ailleurs, à partir des années 2000, elle sera emmenée à occuper des fonctions diplomatiques aussi bien dans son pays qu’à l’extérieur.
Sur le plan de la production littéraire, Le Mal de Peau parait en 1992, et sera réédité en 2001. En 1998, avec d’autres auteurs du Continent, elle travaille sur un projet d’écriture et de devoir de mémoire dans le contexte du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Enfin, en 2001 parait Murekatete puis en 2006, Droit de cité : être femme au Burkina Faso. (Sources : Wikipédia et Babelio).
Mon ressenti
Mitigée. Perplexe. Voilà comment je décrirai mon ressenti après avoir lu le roman de Monique Ilboudo. Cependant, avant d’en dire plus, il est quand même nécessaire de souligner que le texte se lit facilement. L’histoire mêle les parcours de la mère et de la fille en alternance d’un chapitre à un autre sans que l’on ne se perde. L’on découvre les personnages importants au fur et à mesure jusqu’à la fin.
Maintenant en ce qui concerne le contenu, nous retrouvons Cathy, dès le début du récit qui vient d’atterrir en France pour poursuivre ses études après avoir passé toute sa vie à Tinga, son pays natal. L’on assiste à une scène cocasse qui m’a fait penser à tout ce que peuvent vivre les étudiants étrangers (dont je fais partie) lorsqu’ils arrivent dans ce pays froid et parfois inhospitalier que peut être la France : l’amour presque viscéral des petites friandises qu’on emporte avec soi pour se réconforter et la crainte de voir tout cela se perdre dans le bazar des bagages et de la douane. Mais cela est mineur en comparaison de toutes les différences culturelles, sociales et technologiques qui nous sautent aux yeux et sur lesquelles l’on se pose de nombreuses questions, tant le décalage peut être brutal. Heureusement pour Cathy, elle a pu d’emblée se faire accueillir par d’autres étudiants étrangers qui ont su la guider jusqu’à leur résidence sans trop de problème.
S’ensuivra sa découverte de la capitale Française, Paris la belle avec ses bons et ses mauvais côtés. Dans ses aventures, elle connaitra le problème rencontré par de nombreux/ses métis/ses notamment ceux issus des unions Blancs/Noirs, qu’est celui de l’identité. D’un côté, ils sont vus comme étant trop « Blancs » et de l’autre comme étant trop « Noirs ». Ainsi, ils passent leur vie (pour certains) à essayer de se trouver une place entre deux communautés, deux façons de vivre, deux cultures différentes avec ce sentiment finalement de n’appartenir à aucune des deux. Cathy en a d’ailleurs fait les frais aussi bien à Tinga, où petite elle se faisait moquer par ses camarades de classe, qu’arrivée en France où elle sera confrontée au racisme décomplexé de certains Français, en particulier, celui de la mère de Régis, son petit copain.
Venons-en d’ailleurs à ce Régis. C’est un peu le fils de bonne famille, faisant un certain type d’études pour plaire à ses parents au risque que ces derniers ne lui coupent les vivres. Avec Cathy, c’est l’amour fou, quitte à se mettre sa famille (et surtout sa mère) à dos. Même s’ils sont mignons et que leur histoire ressemble un peu à un « conte de fées », c’est justement là, pour moi, un des points faibles du récit. En effet, par moments, je trouvais que leur idylle faisait un peu trop « fleur bleue » à la limite du « ils vécurent d’amour et d’eau fraîche ». Cependant, il lui sera d’un soutien indéfectible jusqu’à la rencontre impromptue avec son père qu’elle cherchait tant à connaître.
Ce père inconnu – dont je ne dévoilerai pas l’identité dans cet l’article pour garder un peu de suspense, quoiqu’il soit assez facile à identifier lorsque la rencontre se fait – est un homme qui dès son forfait commis aura des regrets et ce, pour le restant de sa vie. C’est à ce niveau également que l’on retrouve le second point faible du récit de mon point de vue. En effet, j’ai eu comme la désagréable impression d’une « romantisation » du viol dans l’histoire entre cet ancien commandant de cercle et Sibila, la mère de Cathy. Je ne pense que cela était l’objectif de l’auteure mais c’est malheureusement comme cela que je l’ai ressenti avec l’impression que l’on cherchait à trouver des explications à ce qui était vu comme un « écart de comportement » de la part du commandant de cercle. Un viol reste un viol. Je ne pense pas que l’on puisse parler de « tendresse » après que l’accès à l’intimité de la victime a été forcé. Mais bon, cela n’est que mon avis et je pense que si j’avais l’occasion de discuter avec l’auteur, cela ferait partie de l’une des questions que je lui poserai.
Enfin, pour finir, il y a Sibila. C’est peut-être celle dont l’histoire m’a le plus intéressé dans le récit. Après avoir quitté d’elle-même son village pour éviter de se prendre leur rejet à la figure après son viol (comme d’habitude, tout retombe sur la victime et pas sur le coupable…), elle s’en ira le plus loin possible pour essayer de donner à sa fille les meilleures conditions de vie possibles. Après Cathy, elle aura d’autres enfants, de pères différents, parfois des hommes mariés (ce que je trouve inapproprié) mais elle fera toujours tout pour rester la plus indépendante possible afin d’assurer à ses enfants un avenir correct même sans le soutien d’un homme. Bien sûr, cela lui vaudra de nombreuses railleries, notamment en sa qualité de « concubine/maîtresse » mais jamais elle ne perdra la face. Malheureusement, le récit se termine d’une façon assez particulière – pour ne pas dire tragique, chose que je n’ai toujours pas comprise à ce jour – qui la marquera à vie.
En somme, ce fut, comment dire… bizarre comme lecture. J’avais pour habitude de ne parler quasiment que des livres que j’ai appréciés mais je me suis dit que cela pourrait être intéressant de mettre quand même en lumière une femme, auteure, Burkinabé (on n’en entend rarement voire jamais parler). Ainsi je ne sais pas s’il faut vous le recommander. Si vous tombez dessus quelque part (comme cela a été le cas pour moi dans une Fnac), et que vous être curieux, je dirai allez-y. Sinon, bah je ne pense pas que vous ratiez énormément de choses. Il est toutefois disponible ici pour ce que mon article aura quand même réussi à intriguer.
Je m’arrête ici pour aujourd’hui. Prenez soin de vous et à bientôt.
Bisous.
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