Le livre et l’auteur
Contrainte d’épouser un homme de plus de vingt ans son aîné, Mariam se retrouve enfermée dans un foyer où la violence aussi verbale que physique devient son quotidien. Alors qu’elle survit péniblement aux côtés de cet homme horrible, son équilibre précaire vole en éclats lorsqu’arrive, Laila, sa co-épouse. D’abord hostile, le climat entre les deux jeunes femmes se réchauffera peu à peu jusqu’à devenir une solide amitié grâce à laquelle elles pourront faire face aussi bien à la violence de leur mari qu’à la dureté de la vie sous le régime des Talibans.
Portrait de deux femmes, dont les trajectoires de vie finissent par se mêler, Mille Soleils Splendides est une ode à la bravoure et au courage des femmes Afghanes, un récit de résilience, porteur d’espoir.
Éditions : 10/18
Pages : 415
Khaled Hosseini, cadet d’une fratrie de cinq enfants naît à Kaboul le 4 mars 1965. Fils de diplomate, il sera emmené à suivre les affectations de ce dernier et lorsqu’il faudra retourner en Afghanistan en 1980, sa famille préférera s’installer aux USA après y avoir demandé l’asile. Après des études médicales, il devient médecin interniste dans un grand hôpital de Los Angeles en 1996. C’est en 2003 qu’il se fera connaitre après la parution de son roman culte Les Cerfs-Volants de Kaboul. Suivent quelques années plus tard Mille Soleils Splendides et Ainsi résonne l’écho infini des Montagnes. Khaled Hosseini est marié et a deux enfants. (Sources : Wikipédia et Babelio).
(P.S : un confrère qui devient/est écrivain… il y a de l’espoir pour moi ! 😊)
Mon ressenti
Émouvant. Passionnant. Bouleversant. C’est ainsi que je résumerai le roman de Khaled Hosseini. Je ne pense pas vous apprendre quelque chose tellement cet auteur et ses œuvres sont connus et reconnus. Il écrit merveilleusement bien. L’écriture est sensible, poignante, avec juste ce qu’il faut de suspense, de drame, d’émotion. L’histoire se construit en quatre parties avec cinquante-et-un « chapitres ». L’on suit d’abord Mariam, puis Laila, puis les deux et à nouveau Laila. A aucun moment l’on ne s’ennuie. Au contraire, chaque page donne envie d’en savoir un peu plus sur l’histoire de ces deux femmes Afghanes, aussi différentes que similaires à la fois.
Mariam, enfant illégitime d’un riche « homme d’affaires » d’Herat (3e plus grande ville d’Afghanistan), vivant initialement avec sa mère, grandit dans l’espoir de pouvoir un jour rejoindre la maison de son père afin d’y vivre entourée de ses (demi-) frères et sœurs comme dans une famille normale. Lorsqu’elle se retrouve seule, quelle ne fut sa surprise de voir ce père tant chéri la donner en mariage au premier venu, comme un vulgaire fardeau dont on se débarrasse. Ainsi, elle se retrouve mariée à Rachid, un cordonnier de Kaboul, veuf et ayant déjà perdu un fils, qui attend bien d’elle qu’elle lui en donne des nouveaux, vigoureux et en bonne santé.
Mariam m’a particulièrement touchée. On a l’impression que sa vie n’est qu’un enchaînement de malheurs. C’est un peu l’archétype de la « fille de campagne » qui n’a malheureusement pu accéder à l’éducation et qui a dû subir les décisions que les autres prenaient pour elle. De l’innocence de l’enfance, elle passe par le rêve puis la désillusion avant de se retrouver aux mains d’un homme d’une violence inouïe pour qui elle est limite aussi importante qu’un vieux paillasson sur lequel il essuie ses pieds. Par ailleurs, ce dernier lui retire toute liberté et l’oblige à porter une burqa, estimant qu’en tant que femme mariée, elle se devait de s’habiller plus « décemment ». Malgré tout cela (les pleurs, la souffrance, la rage et la rancune), Mariam se révèlera être un personnage au grand cœur qui, une fois la tension liée à l’installation nouvelle de Laila dans son foyer, la prendra sous son aile et la protégera certes contre Rachid mais aussi envers et contre tous.
Laila quant à elle fait un peu figure de la jeune Afghane moderne, avec un accès à l’éducation, des ami(e)s avec qui jouer, rêver et pour qui le mariage est une affaire inenvisageable avant de longues années. Même si mère désapprouve son comportement qu’elle trouve inadéquat pour une fille, son père, lui est derrière elle et lui fait comprendre que l’éducation est la voie de libération pour les jeunes femmes Afghanes. Malheureusement, avec l’arrivée des Talibans et le début de la guerre, tous les beaux projets qu’elles espéraient mener sont réduits à néant et son « sauveur » devient assez vite son bourreau. Cependant, tout comme Mariam, Laila fait preuve de beaucoup de ressources, surtout avec son bagage éducatif qui lui permet de se faire moins marcher dessus par Rachid et de mettre sur pied des plans qui pourraient leur permettre, avec Mariam, de s’échapper de leur enfer. Laila est douce, aimante, intelligente et sera finalement la lueur d’espoir dont avait besoin Mariam pour sortir de sa coquille et recommencer à vivre.
En ce qui concerne les hommes du récit, il y a de tout. D’un côté il y a Babi, père de Laila qui ne manque pas de pousser sa fille le plus loin possible et Tariq, son meilleur ami d’enfance qui se révèlera être un grand pilier dans sa vie. Et de l’autre, il y a Jalil, le père de Mariam, qui n’assume clairement pas ses responsabilités de père après avoir eu une relation extra-conjugale et Rachid, qui est l’archétype du « mâle dominant », sexiste, misogyne, violent (c’est le maître mot à retenir à son sujet) qui n’attend de ses femmes qu’une maison propre, de bons plats et une ribambelle de garçons qui pourront porter son nom. J’ai rarement découvert un personnage aussi détestable au cours d’une lecture. Il aura une fin bien méritée.
En somme, Mille Soleils Splendides vaut clairement le détour et son succès est plus que justifié. La situation des femmes en Afghanistan, déjà avant l’arrivée des Talibans n’était pas facile mais alors avec leur avènement, ce sont toutes leurs libertés, même primaires qui sont remises en cause. Le patriarcat, le sexisme, la misogynie sont à leur comble dans certaines régions avec parfois une participation de certaines femmes ayant intériorisé ces concepts avilissants. Bien que ce récit soit une fiction, je pense que le tableau qu’il peint de ce pays est plus que proche de la réalité, ce qui le rend d’autant plus percutant parce qu’il met en évidence que l’espoir et le rêve sont toujours permis – surtout lorsqu’on est bien entouré – nous fait découvrir et vivre l’histoire de l’Afghanistan de l’intérieur et qu’il est nécessaire de rediscuter de la place de la femme dans la Société Afghane (comme partout dans le monde d’ailleurs).
Il est disponible ici. N’hésitez pas à partager vos avis si vous l’avez déjà lu. Je vous dis à bientôt pour un nouvel article. Dans l’intervalle, prenez soin de vous.
Bisous.
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