Bonjour les amis 🙂 nous voici en novembre, plus que deux mois avant la fin de l’année. C’est passé vite, n’est-ce pas?
Le livre et l’auteur
« Quand on dit la vérité, on vous déteste. Plus vous parlez d’amour, plus on vous hait. » p.51 tels sont les mots de Shams de Tabriz, personnage emblématique (de mon point de vue) de Soufi, mon amour, écrit par Elif Shafak.
Elif Shafak est une écrivaine turque née à Strasbourg en 1971. En plus de ses études en relations internationales à l’Université Technique du Moyen Orient, elle est entre autres titulaire d’un master en genres et études féminines ainsi que d’un doctorat en sciences politiques.
Elif Shafak vit actuellement à Londres et est internationalement connue pour ses nombreuses œuvres écrites autant en anglais qu’en turc. Soufie et imprégnée de la culture ottomane, son roman Soufi, mon Amour dans lequel elle développe un peu plus le sujet a été un succès et s’est déjà vendu à plus d’un demi-million d’exemplaires.
Le roman fait 476 pages et est publié aux éditions 10/18. Le style peut dérouter un peu mais la lecture est fluide et se fait facilement. En effet, l’auteur superpose ici deux histoires, l’une se déroulant à notre époque moderne avec Ella, une mère de famille, femme au foyer et l’autre au XIIIe siècle avec Rûmî, poète et son compagnon de cœur Shams de Tabriz, derviche errant.

Mon ressenti
Avant d’enchaîner sur ce que j’ai pensé du livre, je pense qu’il est nécessaire que j’explique certains termes comme « Soufisme » et « derviche ». Alors, selon le site www.soufisme.org : « Chemin de sagesse, le soufisme incarne un visage trop méconnu de l’islam, celui de l’ouverture, du respect et de la fraternité (…) Le soufisme est une voie d’éducation personnelle et de connaissance intérieure, accessible à toute personne en recherche spirituelle, quelle que soit sa culture et son milieu social. »
Selon mon dico Larousse (2014), le Soufisme est un « courant mystique de l’Islam ». Et quand à Wikipédia, le Soufisme désigne « le cœur spirituel de la tradition islamique ». Avec toutes ces définitions, je me dis que le Soufisme désignerait un aspect plus profond de l’Islam nécessitant un certain travail intérieur sur soi et qui mènerait vers quelque chose de « plus » que ce qui est couramment admis ou pratiqué de l’Islam. N’y connaissant pas grand chose et ne voulant pas être maladroite dans mes propos, je pense ne pas m’étaler d’avantage.
Quant au terme « derviche », il a plusieurs significations allant de « pauvre, mendiant suivant la voie ascétique soufie » (mode de vie semblable à celui des moines pour que cela soit plus clair 😉 ) dans le monde turco-persan à « religieux musulman » dans le Larousse (2014).
Une fois ces précisions faites, je peux passer à mon ressenti. Pour être franche, j’ai eu du mal à écrire cet article. Pas parce que je n’ai pas apprécié ma lecture, au contraire, elle m’a tellement touchée qu’à la fin, j’étais « sans voix » (dans ce cas-ci, dire « sans mots » serait plus approprié, haha).
Comme je l’expliquais plus haut, le livre superpose deux récits à deux époques différentes. J’ai été beaucoup plus marquée par le récit de Shams de Tabriz et Rûmî que par l’histoire de Ella.
Shams, que dire? Il est juste indescriptible. Avec lui, on apprend ou ré-apprend certaines notions de la vie qui sont bien utiles. En premier, Shams nous invite sur le chemin de l’amour, avec ses « Quarante règles de la réligion de l’amour ». Un amour plus grand que celui que nous connaissons en tant qu’humain. Un amour qui transcende les choses et qui inclut tout le monde. C’est rare en tant qu’humain de développer ce type d’amour.
« On ne peut pas aimer tout le monde » me direz-vous, et pourtant si, c’est possible. En travaillant sur soi et – ceci concernera peut-être un peu plus les croyants ou ceux qui vivent une certaine spiritualité – en voyant en l’autre un être semblable à nous, un être qui est une partie d’un « Tout » plus grand qui nous inclut également.
Toujours dans cet ordre d’idées, Shams évoque le fait que beaucoup de croyants prennent les choses en surface. Autant les Saintes Écritures que les gens rencontrés dans leur vie. Et de ce fait, le jugement se fait très vite si l’on pense que l’autre, en apparence, n’est pas en accord avec ce que les Saintes Écritures nous disent (ou du moins ce que l’on en comprend). Ce qui peut parfois aboutir à un certain extrémisme/fanatisme religieux. Mais au fond, seul ce que l’individu a à l’intérieur compte. Une notion bien trop souvent oubliée.
Autre chose mentionnée par Shams, c’est le fait que nous humains souhaitons des changements dans nos vies mais ne sommes pas toujours prêts à nous détacher du regard des autres pour nous concentrer sur notre quête. Le « qu’en dira-t-on » est plus fort et nous entrave bien souvent. Ou alors nous estimons ne pas être assez bien pour accéder à telle ou telle situation du fait de notre passé.
Et pourtant, chaque jour qui vient est une nouvelle chance pour s’améliorer. Et tant que vos intentions sont sincères, il n’y a pas de raisons de ne pas y arriver. Ce ne sera peut-être pas facile mais c’est possible.
Enfin, comme dans toutes les histoires, il y a un côté moins joyeux, moins « lumineux » et dans ce cas-ci, il s’agit de la médisance et de la calomnie dont sont capables les humains. Quelqu’un ne comprenant pas ce qui se passe derrière une porte ou ayant des informations partielles sur une situation, au lieu de chercher à savoir les faits réels ou de tout simplement se mêler de ses affaires, ira raconter tout un tas de balivernes pour des raisons qui lui sont propres mais que je ne m’expliquerai jamais. Je peux juste en dire que je trouve cela misérable.
Quelques extraits pour terminer cet article:
- « (…) La quête de l’Amour nous change. Tous ceux qui sont partis à la recherche de l’Amour ont mûri en chemin. Dès l’instant où vous commencez à chercher l’Amour, vous commencez à changer intérieurement et extérieurement. (…) » p.122
- « (…) Il est facile d’aimer le Dieu parfait, sans tache et infaillible qu’Il est. Il est beaucoup plus difficile d’aimer nos frères humains avec leurs imperfections et leurs défauts. Sans aimer les créations de Dieu, on ne peut sincèrement aimer Dieu.(…) » p.151
- « (…) Quand un homme qui aime sincèrement Dieu entre dans une taverne, la taverne devient sa salle de prière, mais quand un ivrogne entre dans la même salle, elle devient sa taverne. Dans tout ce que nous faisons, c’est notre cœur qui fait la différence, pas les apparences. Les soufis ne jugent pas les autres à leur aspect ou en fonction de qui ils sont. Quand un soufi regarde quelqu’un, il ferme ses deux yeux et ouvre le troisième – l’œil qui voit le royaume intérieur (…) » p.193
- « (…) L’univers est un seul être. Tout et tous sont liés par des cordes invisibles en une conversation silencieuse. La douleur d’un homme nous blessera tous. La joie d’un homme fera sourire tout le monde. Ne fais pas de mal. Pratique la compassion. Ne parle pas dans le dos des gens – évite même une remarque apparemment innocente! Les mots qui sortent de nos bouches ne disparaissent pas. Ils sont éternellement engrangés dans l’espace infini, et ils nous reviendront en temps voulu (…) » p.281
Je pourrais continuer cet article encore plus longtemps tellement il y a de choses à dire mais cela serait vous gâcher le plaisir de lire le livre lui-même 😉 ce fut une si belle lecture que je n’ai pas vu les pages défiler et il m’arrive encore aujourd’hui d’y retourner pour lire les fameuses règles de Shams (dont les extraits ci-dessus).
Je ne peux que vous le conseiller si vous cherchez quelque chose de « philosophique » tout en douceur. Pour l’acheter, c’est juste ici . Chers amis togolais, consultez les points de vente habituels (Librairie Bon Pasteur, Librairie Star, etc.).
Prenez soin de vous. Et comme Shams, peu importe ce que vous traversez/traverserez, gardez la foi comme, tout est fait selon un plan ingénieux que vous ne saisirez que plus tard 🙂
A bientôt pour un nouvel article, bisous.
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