Le livre et l’auteur
Fils d’un roi qui le rejeta peu de temps après sa naissance, malmené par ses camarades de jeux durant son enfance, rien ne laissait présager à Chaka la destinée qui l’attendait. Téméraire, doté d’une force physique remarquable, ne reculant devant aucun obstacle, ni sacrifice, Chaka réussira à se hisser au rang de roi suprême au fil des années. Cependant, « bien mal acquis ne profite jamais ». Au plus haut, Chaka, qui se comparait au ciel et aux nuages et qui se disait par conséquent roi des Amazoulous (littéralement le clan du ciel), connaîtra la chute et laissera derrière lui des souvenirs douloureux ainsi que des peuples marqués par le règne d’un tel homme, difficile à cerner.
Pages : 334
Editions Gallimard
Thomas Mofolo (nom complet Thomas Mopoku Mofolo) est un écrivain de langue Sesotho, né à Mafeteng vers 1875-1876, au Lesotho (pays d’Afrique Australe enclavé dans l’Afrique du Sud), qui était à l’époque une colonie Britannique nommée Basoutoland. Il y grandit, éduqué par les missionnaires européens pour qui il se mettra à travailler de la fin de ses études jusqu’en 1910. Encouragé par ces derniers à écrire, il rédige Moeti oa Bechabela (Le Voyageur de l’Ouest) paru en feuilleton en 1906 et publié en 1907 ainsi que Pitseng en 1910. Ces deux premières œuvres, plutôt en faveur de la foi Chrétienne contrasteront avec Chaka, qu’il écrira quelques temps plus tard après avoir visité les terres Zouloues et la tombe dudit Chaka, souverain du royaume Zoulou.
Thomas Mofolo finira par quitter la mission pour des raisons obscures. Il intégrera plusieurs corps de métiers, rejoindra une association de défense des droits des Basotho avant de mourir probablement dans la misère en 1948 après que ses terres lui aient été confisquées. (Sources : Wikipédia et Babelio).
Mon ressenti
Pour être honnête, j’ai été un peu perturbée par ma lecture. Le peu d’informations dont je disposais sur Chaka concernaient sa réputation de grand chef et maître de la guerre redoutable notamment avec des techniques comme celle de la terre brûlée ou encore la stratégie d’attaque en « tête de buffle ». Il est également connu pour avoir œuvré dans la lutte « idéologique » entres Noirs et Blancs en Afrique du Sud. De ce fait, je m’attendais à une sorte de biographie plutôt glorieuse, où je découvrirais un roi fort, aimé de son peuple ou encore un récit où j’apprendrais des informations sur ses actions concrètes pour tenir les Blancs à distance… Eh bien, le personnage décrit par l’auteur fut plutôt tout en contraste et assez complexe.
Chaka, après son enfance difficile, développa très tôt un goût pour la bagarre. Avec ses capacités physiques, il devint très vite imbattable. Il finira par intégrer l’armée du suzerain de son père (qui quelque part est aussi le sien) et au fur et à mesure que le temps passera, il prendra en assurance et gravira les échelons auprès de ses supérieurs avant de devenir lui-même chef un jour. Pour ce faire et surtout pour s’assurer d’être toujours au top, il n’hésitera pas selon le récit à recourir aux services d’un féticheur, Issanoussi qui avec de la magie noire, des coups montés et des assassinats, lui permettra de toucher du doigt et même de jouir temporairement de cette toute puissance à laquelle il aspirait.
Au début, il semblait surtout motivé par la volonté de rendre son peuple le plus fort possible, avec une armée redoutable qui rapidement devint ce qui compta le plus pour lui. Il terrorisera les autres peuples de la région, en partant régulièrement en guerre contre eux et en s’assurant qu’il n’en reste plus rien si ce n’était des jeunes vigoureux pour intégrer son armée ainsi que les femmes et les enfants. Les vieux étaient systématiquement éliminés. Pour s’assurer d’être toujours le plus fort, d’avoir le pouvoir suprême, Chaka ira jusqu’à faire périr de sa propre main celle qui avait réussi à ravir son cœur. Par ailleurs plus le temps passait, plus se développait en lui une sorte de mal-être, une sorte de soif de sang qu’il étanchera en organisant des tueries de masse dont la plus remarquée fut celle perpétrée à la mort de sa mère. Il finira par mourir assassiné par ses demi-frères et même après sa mort, il restera craint par les habitants de son royaume.
Ce n’est que lors de ses derniers instants de vie que Chaka avisera ses frères de l’arrivée prochaine des « Oum’loungou » c’est-à-dire les hommes Blancs. Je fus assez déçue que cela soit le seul élément qui ait été donné en ce qui concerne sa « lutte » contre ces derniers. Durant tout le reste du récit, il ne fut mentionné nulle part qu’il avait connaissance de l’existence des Blancs ou de leurs plans vis-à-vis de l’Afrique du Sud. Ainsi j’ai trouvé cette dernière partie un peu inadaptée, comme parachutée là sans aucun lien avec les pages précédentes.
En somme, je suis plutôt mitigée en ce qui concerne ma lecture. Le personnage dépeint était à des années-lumière de ce que je m’imaginais sur lui. Puis comme je le disais, la place qu’aurait occupée Chaka dans la lutte contre les Blancs est à peine abordée avant le dénouement final (de façon superficielle en plus). Mais il n’empêche que l’auteur a fait un travail remarquable pour être au plus près de ce qu’a été la vie de Chaka Zoulou et il s’agit de l’un des rares ouvrages sur ce personnage mythique qui a marqué tant d’esprits. Le récit peut déranger, voire choquer mais il est fort probable que cela ait été le vrai quotidien de Chaka. Ainsi, je pense qu’il mériterait d’être lu pour s’en faire sa propre idée sauf si on s’attend à lire quelque chose sur l’engagement de Chaka contre les Blancs.
Voilà, j’en ai fini avec cet article. Pour ceux/celles qui souhaiteraient se le procurer, il est disponible ici.
A bientôt pour un nouvel article. D’ici là, prenez soin de vous et surtout lisez 😉
Bisous.
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