Le livre et l’auteur
Elles se connaissent quasiment depuis l’adolescence. Actuellement dans leur cinquantaine, Odette, Clarice et Barbara Jean ne se sont jamais quittées et ont été affectueusement surnommées « Les Suprêmes » par leur entourage en référence au célèbre groupe de chanteuses des années 70. Au fil de leurs rencontres hebdomadaires le dimanche Chez Earl, l’on en apprend un peu plus sur le vécu de chacune d’entre elles. Pendant qu’Odette – l’intrépide – communique avec l’au-delà et essaie de soigner son cancer par des méthodes peu conventionnelles, Clarice – la sage – tente de sauver son mariage sur les recommandations de sa mère et du pasteur de son église. Barbara Jean – la beauté – quant à elle, protégée et soutenue par ses deux amies tentera de faire la paix avec son passé afin de recommencer à vivre normalement.
L’histoire de ces trois femmes est une forte histoire d’amitié féminine, de sororité et de résilience. Elles nous entraînent dans une histoire aussi drôle que touchante.
Pages : 417
Éditions : Babel (Actes Sud)
Edward Kelsey Moore (EKM) est né dans l’État de l’Indiana aux États-Unis. Titulaire d’un Bachelor en musique de l’Université de l’Indiana et d’un Master en musique de l’Université Stony Brook de l’État de New York, EKM exerce aujourd’hui la profession de violoncelliste à Chicago. Après plusieurs années de travail en tant que musicien, il se lance dans l’écriture à l’approche de ses 40 ans et c’est ainsi que parait en 2013 (2014 pour la version française), son premier roman « Les Suprêmes » (The Supremes At Earl’s All-You-Can-Eat dans la VO). Il connait tout de suite un succès fulgurant avec un classement parmi les best-sellers du New York Times.
Quatre ans plus tard (2017 aux USA, 2018 en France), parait la suite de son premier roman intitulé « Les Suprêmes chantent le blues » (The Supremes Sing the Happy Heartache Blues en VO). Il connut également un grand succès et fut traduit dans de nombreuses langues. (Sources : Wikipédia, Babelio et site personnel d’EKM).
Mon ressenti
J’ai adoré ma lecture. Littéralement. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec la quatrième de couverture qui dévoilait pas mal de choses selon moi mais finalement ce n’était rien par rapport au contenu du récit. Le rire, les larmes, l’exaspération et bien d’autres émotions sont au rendez-vous.
Odette, c’est ma préférée. Comme je le disais dans le résumé au début de cet article, il s’agit de l’intrépide du groupe. Déjà sa naissance n’a rien à voir avec celle du commun des mortels (il faut le lire pour savoir de quoi il s’agit 😉). Elle a toujours de la répartie et un sens de l’humour bien trempé même dans les situations qui semblent désespérées. Elle peut balancer des bobards avec une telle assurance pour protéger ses amies que cela en est bluffant. C’est elle qui narre la plus grande partie de l’histoire et l’on voit à travers ses yeux tout ce monde aussi varié que haut en couleurs. On pourrait presque penser que rien ne l’atteint jusqu’au jour elle finira par craquer, nous rappelant qu’elle est tout aussi humaine que les autres. Avec son mari, ils forment un couple solide et on ne peut que souhaiter vivre ce genre d’histoire un jour. Enfin, ses conversations avec les défunts rajoutent un supplément de fun au personnage et aux situations qu’elle vit.
Clarice est particulière et peut être agaçante. Après les sermons de sa mère, du pasteur de son église sur les « vertus d’une femme » et les discours enchanteurs de son beau-parleur de mari, elle passera une grande partie de son existence à essayer de plaire à ses derniers et fermera les yeux autant sur les écarts de son mari que sur ses réels désirs en tant que personne. Bien que parfois exaspérante et pouvant avoir un comportement égoïste, je me suis dit que son histoire était le parfait exemple du contrôle psychologique que peuvent avoir certaines personnes sur nous, en passant par la culpabilisation (surtout lorsqu’on est une femme). Autant sa mère, que ce fichu pasteur et son mari infidèle. Culpabiliser les femmes et les empêcher d’accéder à leurs rêves ou leur faire croire que leurs désirs (notamment sexuels) n’étaient pas valides. Qu’elles se doivent d’être des vraies « dames », dévouées à leurs maris et leurs enfants. J’ai donc été agréablement surprise de constater qu’elle finira par dire « f*** » à tout ce beau monde pour vivre sa vie comme elle l’entend.
Enfin Barbara Jean, la petite colombe malmenée par la vie. A peine libérée de l’emprise d’un beau-père violent, et alors qu’elle pensait pouvoir vivre une vie heureuse, elle recevra un coup du sort lié à la cruauté raciste de l’époque. Bien des années plus tard, elle n’aura toujours par réussi à passer à autre chose et noiera son désespoir dans l’alcool jusqu’à ce que ses fidèles amies ne viennent la sortir du cauchemar dans lequel elle vivait. Son vécu fut le plus difficile à lire pour moi. En plus, il met en lumière à quel point n’importe qui peut tomber dans l’alcoolisme en raison d’événements de vie douloureux. On boit pour oublier et on finit par s’oublier soi-même. Et vivre dans le passé n’aide absolument pas dans ces conditions. Bien que sa vie ne fût pas des plus joyeuses, elle finira par trouver une sorte de rédemption à la fin, confirmant bien que, dans cette vie, chaque saison est temporaire, le beau temps venant après la pluie.
En somme, j’ai passé un super moment de lecture. Je l’ai dévoré en 2-3 soirées, voulant toujours en savoir plus. Hormis ces trois femmes, les autres personnages du récit sont tout aussi attachants (hormis Minnie ou encore la cousine de Clarice entre autres) et rendent le tout sacrément vivant. EKM a su nous offrir un roman qui ne laisse pas indifférent. Idéal pour décompresser et rire un coup tout en réveillant certaines émotions sans tomber dans la mièvrerie. Je ne peux que le recommander. Il est disponible ici pour ceux qui souhaiteraient se le procurer.
A bientôt pour un nouvel article. D’ici là, prenez soin de vous.
Bisous.
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