Le livre et l’auteur
Début du 21e siècle, Kaboul. Troisième d’une fratrie de cinq filles, Rahima voit son quotidien sous le règne des Talibans s’alléger lorsqu’elle devient une « bacha posh », fillette travestie en petit garçon qui pouvait poursuivre ses études et jouir d’une certaine liberté que lui conférait ce nouveau statut. Après y avoir pris goût, son quotidien bascule le jour où elle mariée de force à un seigneur de guerre de la région. Un siècle plus tôt, avait vécu son ancêtre Shekiba, au destin similaire qui réussira à survivre par sa force de caractère et sa capacité à garder espoir malgré les coups durs de la vie.
A travers le parcours de ces deux héroïnes, se dessine la vie des Afghanes qui doivent constamment lutter pour repousser les barrières entravant leur épanouissement, juste parce qu’elles sont nées femmes.
Pages : 571
Éditions : Milady
Nadia Hashimi est une écrivaine et pédiatre américaine, née dans le Queens en novembre 1977 de parents immigrés Afghans aux États-Unis. Après un diplôme de biologie dans le Massachusetts, elle obtient son diplôme de médecine et se spécialise en pédiatrie dans l’État de New York.
La Perle et la Coquille, son premier roman paru en 2014, est très rapidement devenu un best-seller international comme ses deux autres œuvres Si la Lune éclaire nos pas et Pourvu que la Nuit s’achève.
Nadia Hashimi vit aujourd’hui dans le Maryland avec son mari et ses quatre enfants. Elle s’est récemment engagée dans une carrière politique et bat campagne pour une place à la Chambre des Représentants pour la 6e circonscription du Maryland.
(P.S. Encore une autre consœur qui a réussi à allier sa profession médicale et la parution de 3 œuvres… il y a définitivement de l’espoir pour moi.)
Mon ressenti
Mitigée. Cela peut étonner vu le succès qu’a eu ce roman mais je dois dire qu’après Mille Soleils Splendides de Khaled Hosseini (qui m’a d’ailleurs incité à acheter celui-ci alors qu’il figurait dans ma liste d’envies depuis plusieurs mois), j’ai été moins touchée par ce récit. Il se déroule sur 69 chapitres, alternant le point de vue de Rahima et celui de son ancêtre Shekiba. La plume de l’auteure est légère, émouvante et directe. Le récit démarre bien mais à un moment, il a commencé à présenter des longueurs pour moi. J’avais hâte de finir ma lecture et de passer à autre chose. Quoi qu’il en soit, il demeure tout de même un bon roman que je recommanderai, peut-être avant Mille Soleils Splendides même si je ne garantis pas que le vécu de ma lecture soit lié à l’ordre dans lequel j’ai pris connaissance de ces deux œuvres.
En ce qui concerne les personnages, l’on retrouve donc Shekiba, ancêtre de Rahima, qui ayant été rejetée dès sa naissance par la famille de son père, apprendra tôt à subir en silence coups et injures dans l’attente d’une occasion propice pour s’échapper de l’enfer dans lequel elle avait l’impression d’être constamment plongée. Elle présente une certaine capacité à garder espoir, par moments à la limite de la naïveté de mon point de vue. Elle devra reléguer sa féminité au placard lorsqu’elle sera affectée à la garde du harem personnel du roi Habibullah et en apprendra beaucoup sur les dessous de la vie de palais (parfois au péril de sa vie). Après des années de souffrance, la vie finira par lui sourire avec un dénouement certes loin de ce qu’elle imaginait mais meilleur que ce qu’elle avait pu traverser jusque-là.
Rahima, sa descendante, illustre bien ce que j’ai déjà mentionné dans l’article sur Mille Soleils Splendides, en ce qui concerne l’importance de l’éducation ou plutôt de l’instruction des jeunes filles. En effet, après sa courte période de liberté en tant que « bacha posh », Rahima retourne sans transition à sa condition de « fille » et même d’épouse alors qu’elle commence à peine son adolescence. Ainsi, démarre pour elle une vie de servitude dans la maison de son mari, devenant un peu le souffre-douleur de sa belle-mère. Grâce au peu d’instruction dont elle a pu bénéficier dans son enfance, elle réussira à s’introduire progressivement dans les affaires de son mari jusqu’à l’accompagner à Kaboul où se dessineront ses premiers pas vers la liberté, cette fois-ci encore sous la forme d’un programme éducatif destiné aux femmes.
Quant aux autres personnages du récit, l’on peut justement citer la tante de Rahima, qui rejetée par sa communauté en raison d’une difformité, ne se laisse pas marcher dessus et a toujours été pour l’instruction de ses nièces, essayant tant bien que mal de secouer sa pauvre sœur, dépitée par l’absence de garçon parmi ses enfants et à la merci d’un mari drogué. Il s’agit de l’une des figures les plus fortes du récit, qui d’ailleurs contait l’histoire de Shekiba à sa nièce Rahima et qui a su l’encourager à ne pas rester dans les petites cases où elle était rangée en raison de son sexe.
Pour finir, je ne pense pas que cela soit nécessaire que je m’étende sur le mari de Rahima ou tout autre homme du récit. Pour la peine, il n’y en avait pas un seul pour rattraper l’autre (sauf peut-être le père de Shekiba mais il disparut bien vite). Certains étaient moins pires que d’autres mais globalement, tous dégageaient un certain sexisme et voyaient les (leurs) femmes comme des matrices à pondre des fils qui porteraient leur nom…
En somme, ce fut tout de même un bon moment de lecture comme je l’ai mentionné plus haut. Même si à un moment, j’ai commencé à trouver ça long, je me suis accroché jusqu’au bout et ne regrette pas ma lecture. Je réitère le fait qu’il s’agit d’une lecture sensible, émouvante et parfois même assez dure, difficile avec des événements de vie des personnages qui ne manqueront pas de vous révolter ou de vous attrister. Mais comme pour Mille Soleils Splendides (c’est un peu devenu ma référence), ce roman a le mérite de mettre en avant le vécu de ces femmes Afghanes qui ne se laissent pas faire et qui au quotidien font preuve d’un immense courage à la fois pour elles mais aussi pour la génération qui suivra. Je me pencherai probablement sur les autres écrits de Nadia Hashimi.
Voilà, cet article se termine ici. Si certains l’ont déjà lu, n’hésitez pas à me le faire savoir. On se retrouve bientôt pour un nouvel article. Dans l’intervalle, prenez soin de vous.
Bisous.