Bonjour! j’espĂšre que vous allez bien đ
Lâhistoire
Connaissez-vous lâhistoire qui se cache derriĂšre les mamelles, ces deux collines situĂ©es sur la presquâĂźle du Cap-Vert, Ă Ouakam, une commune dâarrondissement de Dakar (SĂ©nĂ©gal) ? Ou alors savez-vous pourquoi le crabe marche tantĂŽt vers sa droite, tantĂŽt vers sa gauche mais jamais droit devant lui ? Ou encore pourquoi la poule gratte et Ă©parpille tout ce quâelle trouve avant dây mettre le bec ? Et pour finir, pourquoi ne serait-ce que pour aller chercher du bois mort, tout chasseur emporte son fusil ?
Certains rĂ©pondront Ă toutes ces questions en me donnant des explications « rationnelles » mais Birago Diop, ici nous prĂ©sente les choses sous un tout autre angle, en nous immergeant dans le monde des Contes dâAmadou Koumba.
Lâauteur et le livre
Birago Diop, nĂ© le 11 dĂ©cembre 1906 Ă Ouakam, Dakar, SĂ©nĂ©gal et dĂ©cĂ©dĂ© le 25 novembre 1989 dans la mĂȘme ville, est un Ă©crivain et poĂšte, associĂ© au mouvement de la nĂ©gritude initiĂ© par LĂ©opold SĂ©dar Senghor.
En ce qui concerne sa formation, il a suivi Ă la fois un enseignement coranique et a Ă©tĂ© Ă lâĂ©cole française de Dakar, avant de sâenvoler pour la France oĂč il poursuivra ses Ă©tudes Ă lâĂ©cole nationale vĂ©tĂ©rinaire de Toulouse grĂące Ă une bourse. Il y obtient son diplĂŽme en 1933 et câest lĂ quâil rencontrera LĂ©opold SĂ©dar Senghor.
AprĂšs avoir exercĂ© comme vĂ©tĂ©rinaire de brousse dans plusieurs pays Africains, il commence Ă sâintĂ©resser aux contes et aux fables, dont ceux dâAmadou Koumba quâil recueille et met par Ă©crit pour la premiĂšre fois en 1947. En 1958, il est lâambassadeur du SĂ©nĂ©gal Ă Paris avant de revenir se fixer Ă Dakar.
Parmi ses principales Ćuvres, on peut citer entre autres: Les Contes dâAmadou Koumba (1947), Les Nouveaux Contes dâAmadou Koumba (1958), Contes et Lavanes (Grand prix littĂ©raire dâAfrique Noire en 1964), toutes trois publiĂ©es aux Ă©ditions PrĂ©sence Africaine. (Sources : WikipĂ©dia et Babelio).
Le livre fait 186 pages, table des matiĂšres et autres suggestions de livres parus aux Ă©ditions PrĂ©sence Africaine compris. Il regroupe au total 19 contes, avec comme dâhabitude, ce mĂ©lange entre les humains et les animaux comme jâen parlais ici et ici.
Mon ressenti
Câest encore un autre recueil de contes, essentiellement dâAfrique de lâOuest et comme dâhabitude, câest avec plaisir que je les ai dĂ©couverts. Jâen ai apprĂ©ciĂ© certains plus que dâautres mais ils sont tous globalement bons.
Mon premier favori a Ă©tĂ© lâhistoire derriĂšre les mamelles de Dakar. Il sâagit en fait de lâillustration de la fin triste et mĂ©ritĂ©e rĂ©servĂ©e aux personnes mal dans leur peau, fonciĂšrement mauvaises et haineuses pour rien au monde. Un homme, Momar, avait pour Ă©pouse Khary-KhouguĂ©, femme envieuse, jalouse, aigrie du fait de la prĂ©sence sur son dos dâune petite bosse quâelle avait depuis lâenfance. Elle avait Ă©tĂ© victime de moqueries de ses camarades de jeux et depuis elle en voulait Ă toute la terre. Momar, fatiguĂ© dâavoir une Ă©pouse grognonne, sâen alla prendre une autre, Koumba, qui elle aussi avait une bosse mais dix fois plus grosse que celle de Khary. Et pourtant, Koumba en avait fait une force et savait rĂ©pondre avec le sourire aux railleries dont elle a pu faire lâobjet tout au long de sa vie. Et faut dire aussi que son caractĂšre Ă©tait agrĂ©able, ce qui Ă©clipsait sa difformitĂ©.
Loin de se sentir rassurĂ©e de voir quâil y avait pire quâelle, Khary en devint encore plus aigrie. Un beau jour, Koumba, grĂące Ă son caractĂšre vertueux se vit offrir la clĂ© pour perdre sa bosse. Ainsi, une fois quâelle en fut dĂ©barrassĂ©e, il nây avait plus rien Ă lui reprocher. Khary, rageuse, voulut bien sĂ»r, absolument savoir comment elle avait fait et Koumba, toujours disposĂ©e Ă aider les autres lui livra sans rechigner la mĂ©thode utilisĂ©e. Mais Khary, dans son impatience et son erreur de jugement au moment opportun, se retrouva avec deux bosses, la sienne plus celle dont sâĂ©tait dĂ©barrassĂ©e Koumba. AprĂšs cela, elle dĂ©cida dâaller se jeter dans la mer mais la mer ne put lâavaler en entier. Et câest ainsi que naquirent les mamelles du Cap, qui ne sont autre que les bosses de Khary-KhoughĂ© đ
Le mauvais sort rĂ©servĂ© aux personnes irrespectueuses, mauvaises, envieuses et impatientes fut Ă©galement illustrĂ© dans le conte intitulĂ© Les Calebasses de Kouss. Leuk le liĂšvre et Bouki lâhyĂšne devaient offrir des bijoux Ă leurs femmes. Alors que Bouki fit le strict miminum en moulant les dits bijoux dans de lâargile, Leuk lui partir dans la savane et dans la brousse pour trouver ce quâil faut. Sur sa route, il rencontra un lutin qui lui demanda de suivre ses instructions sans poser de questions. Ce quâil fit sans broncher.
Bien sĂ»r, Ă son retour, sa femme fut la plus belle. Et celle de Bouki se jeta sur lui pour lui rĂ©clamer le mĂȘme traitement. Leuk le liĂšvre renseigna Bouki sur quoi faire mais câĂ©tait sans compter sur le caractĂšre exĂ©crable de ce dernier qui nâarrĂȘta pas dâĂȘtre impoli, moqueur et eut les yeux plus gros que le ventre. Il sâen tira avec des blessures et depuis ne se soucie plus ni de bijoux, ni de boubous.
Ailleurs, vous pourrez dire Ă quelquâun de difficile ou de mauvaise foi de « ne point demander une lance dâhyĂšne », en rĂ©fĂ©rence au conte La Lance de lâhyĂšne oĂč celle-ci ne voulant point laisser de la viande sĂ©chĂ©e au forgeron Ă qui elle venait de demander de lui fabriquer une lance, la lui rendit en lui racontant quâelle nâĂ©tait pas comme elle voulait, quâelle la voulait longue mais courte, tranchante mais Ă©moussĂ©e. Le forgeron dans lâincapacitĂ© de produire une telle lame, dut lui rendre la viande sĂ©chĂ©e pourtant honnĂȘtement mĂ©ritĂ©e.
Pour finir, les contes intitulĂ©s Les Mauvaises Compagnies ne manqueront pas de vous faire sourire devant la ruse, la malice dont font lâobjet des relations entre animaux, qui nâen ressortent pas toujours indemne. Et le conte intitulĂ© VĂ©ritĂ© et Mensonge vous affirmera de nouveau que les gens prĂ©fĂšrent (souvent) ĂȘtre bernĂ©s quâĂȘtre confrontĂ©s Ă la rĂ©alitĂ©. De plus, pour une fois, le mensonge gagna le gros lot. Mais attention, nous savons tous que dans la « vraie vie », lâon peut se brĂ»ler les ailes Ă force de le cĂŽtoyer.
Bref, une bonne petite lecture pour apprendre des anecdotes que vous pourrez ressortit Ă lâoccasion de rĂ©unions de familles ou pour faire lâintĂ©ressant auprĂšs de vos amis, haha đ je le recommande et le livre est disponible ici. On se retrouve bientĂŽt pour un nouvel article. Dâici lĂ , comme dâhabitude, gardez la pĂȘche et take care !
Bisous.