La mouche et la glu – Okoumba-Nkoghe

Le livre et l’auteur

Nyota et Amando sont deux jeunes gens, en fin d’adolescence qui nourrissent l’espoir d’entretenir une relation. Mais comme la quatrième de couverture nous le dévoile dès le départ, leur projet est voué à l’échec, malgré le soutien de leurs proches… quelle est l’histoire de ces deux tourtereaux et comment en arrive-t-elle à se terminer de façon tragique ?

Éditions : Présence Africaine

Pages : 271

Okoumba-Nkoghe (ou encore Maurice Okoumba-Nkoghe) est un écrivain, auteur de romans et de poésies, né à Alélé, au Gabon en 1954. Après des études à Libreville, puis en France, il enseigne à l’Université Omar Bongo de Libreville.

La Mouche et la glu est sa sixième œuvre, parue pour la première fois en 1984, aux éditions Présence Africaine. (Sources : quatrième de couverture, Wikipédia).

Mon ressenti

Perplexe. La narration est faite à la troisième personne et s’étale sur vingt-six chapitres. La plume de l’auteur est fluide, assez poétique et très descriptive. Enfin, de nombreux dialogues permettent de rythmer le tout.

Sur le fond maintenant, comme je le mentionnais dans le résumé, on fait la connaissance d’Amando et de Nyota, deux jeunes lycéens, âgés respectivement de dix-neuf et dix-huit ans, qui se rencontreront par hasard après une session de pêche d’Amando. A leurs côtés, évoluent leurs familles, constituées de : la mère d’Amando, Opagha (petit-frère d’Amando) ; Ndzayi (grand-père maternel d’Amando) ; N’Gombi (père de Nyota) et Ndoulou (mère de Nyota). En dehors des cercles familiaux, on fera la connaissance de N’Kima (ami de N’Gombi) ; M’Poyo (employeur de N’Gombi) et Mombo (chauffeur de M’Poyo). Amando, Nyota et leurs familles sont issus d’un milieu relativement pauvre. Alors que M’Poyo, l’employeur de N’Gombi est un homme de pouvoir, polygame, habitué à avoir ce qu’il veut.

Vous le voyez peut-être venir mais M’Poyo jettera son dévolu sur Nyota et voudra en faire son épouse. Alors que celle-ci se voyait déjà finir sa vie avec Amando. Connaissant la situation sociale de son employé N’Gombi, M’Poyo n’hésitera donc pas à le soudoyer pour que celui-ci lui cède sa fille. Bien sûr, avec ou sans le consentement de la principale concernée. Et c’est là que débuteront les problèmes puisque N’Gombi se rendra compte que sa fille n’était pas aussi docile que ce qu’il pensait.

Ainsi, à travers ce qui pourrait ressembler à une banale histoire d’amour, Okoumba-Nkoghe développe plusieurs thèmes. Parmi ceux-ci, on peut retrouver l’opposition entre tradition (teintée de misogynie/sexisme) et modernité (N’Gombi qui estime qu’une fille « appartient » à son père et doit lui obéir au doigt et à l’œil ; une femme n’a pas besoin de faire de longues études pour ne pas intimider son potentiel futur mari; elle n’a pas le droit de s’auto-déterminer versus Ndoulou et la famille d’Amando qui pensent le contraire) ; la vanité et l’ivresse du pouvoir consécutives à une richesse économique comme dans le cas de M’Poyo, prêt à utiliser des méthodes peu conventionnelles pour obtenir ce qu’il veut ; l’appât du gain au profit du bonheur de sa descendance (N’Gombi bis) et enfin la résistance contre le pouvoir/l’autorité et la poursuite de son bonheur, quitte à en périr (Nyota surtout).

Tout cela est bien sûr fort intéressant mais j’ai trouvé l’exécution un peu « dérangeante ». En effet, le développement de la relation entre Amando et Nyota est relativement rapide et le récit contient quelques allusions sexuelles et scènes qui pour moi étaient inappropriées (spoiler : comme le fait qu’un gamin de sept ans demande à voir sa potentielle belle-sœur nue pour « découvrir » l’anatomie d’une jeune femme par exemple). J’ai détesté N’Gombi et M’Poyo (sans surprise) mais les autres personnages ne m’ont pas particulièrement ému non plus, parce que je trouvais qu’ils manquaient de profondeur. Enfin, utiliser une relation amoureuse comme une façon de résister à l’autorité/au pouvoir m’a paru utopique… cela reste possible hein mais bon, nous vivons dans un monde plutôt cruel et qui n’a que faire des sentiments des gens.

En somme, je suis contente d’avoir enfin lu un auteur Gabonais, dont l’œuvre fait un peu partie des « Classiques Africains ». Mais La Mouche et la glu ne demeurera pas dans ma bibliothèque. J’ai volontairement omis de parler de la fin pour ne pas non plus vous spoiler l’ensemble de l’histoire. Pour ceux qui souhaitent en faire la découverte, La Mouche et la glu est disponible ici. Pour ceux qui l’auraient déjà lu, partagez avec moi votre ressenti. Et si certains ont des recommandations d’auteurs/autrices Gabonais/es, pensez à les partager aussi.

En attendant le prochain article, prenez soin de vous.

Bisous.



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A PROPOS

La lecture m’accompagne au quotidien depuis quasiment mon enfance. Passionnée par les auteurs Africains, Afro-descendants et des minorités en général, je ne m’empêche pas d’explorer d’autres horizons lorsque j’en ai envie ou lorsqu’on me le propose. Depuis plus de 5 ans, je partage mon ressenti et mes avis aussi bien par ici que sur Instagram, Facebook et Twitter. Bienvenue, j’espère que la visite vous plaira et n’hésitez pas à me suivre sur mes réseaux sociaux pour plus d’échanges autour des livres. Annette.

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