Le livre et l’auteur

Quelque part dans un pays d’Afrique sub-saharienne, dans un bidonville du nom de Leydi-Bondi, Koulloun, sorte de griot moderne s’est donné pour mission de nous relater la vie et les péripéties d’un certain Bandiougou et d’une ombre qui le suivait. Sur un ton tragi-comique, et au travers des aventures de l’ombre en question répondant au nom de « cousin Samba », puis de Bandiougou, c’est l’histoire moderne des États d’Afrique subsaharienne que l’on voit se dessiner.

Éditions : Points

Pages : 193

Tierno Monénembo, de son vrai nom Thierno Saïdou Diallo, est un auteur Guinéen d’expression Française née à Porédaka en juillet 1947. Fils d’un fonctionnaire de Guinée, il fuit la politique d’Ahmed Sékou Touré et rejoint le Sénégal en 1969. Il poursuit ensuite ses études en Côte d’Ivoire puis en France où émigra en 1973. Il est titulaire d’une thèse en biochimie de l’Université de Lyon puis enseigne au Maroc et en Algérie.

Sa carrière d’écrivain voit le jour en 1979 avec son premier roman Les Crapauds-brousse. Les écailles du ciel parait en 1986 aux éditions Seuil et reçoit le Grand prix littéraire d’Afrique Noire. Il recevra d’autres prix au cours de sa carrière d’écrivain dont le Prix Renaudot pour Le Roi de Kahel en 2008.

Mon ressenti

Intriguée. C’est Kolloun, griot moderne qui parle. Son récit est divisé en cinq parties avec un prologue suivi de quatre chapitres. Le style de l’auteur est vif, entraînant, presque lyrique et on apprend des nouveaux mots à tours de bras.

En ce qui concerne maintenant le fond, on fait d’abord la connaissance de Bandiougou, un homme d’âge mûr que la vie n’a pas épargné. Mais cela on ne le saura que plus tard. Au départ, on sait seulement que Bandiougou était à la recherche d’une « ombre » sans précision. Echoué au cabaret Chez Ngaoulo où défilait tout type d’individu – l’ambiance m’a fait un peu penser à celle décrite dans l’œuvre Verre Cassé de Alain Mabanckou avec le bar Le Crédit a voyagé – Bandiougou semble désœuvré. Puis progressivement le voile se lève sur cette fameuse ombre qui n’est autre que Cousin Samba dont Kolloun se fera le plaisir de nous conter l’histoire de vie.

Sans rentrer dans les détails pour ne pas spoiler le contenu de l’histoire, il faut dire que de façon générale Cousin Samba n’eut pas non plus une vie joyeuse. Pointé du doigt comme étant différent presque dès la naissance, il eut la proposition d’aller vers la ville pour « se chercher ». Les années suivant son arrivée en ville furent marquées par les difficultés à se trouver une situation professionnelle puis par les démêlés avec le système colonial en place. Sa rencontre avec Bandiougou se fera dans ce contexte, lui qui militait pour l’indépendance, aux côtés de trois compagnons de fortune.

En utilisant ces deux personnages, Tierno Monénembo décrit une société plongée dans la misère, où les colons font la loi aussi bien dans les milieux ruraux qu’en ville ; et dont le destin ne tarde pas à basculer avec les manifestations pour l’indépendance. Mais comme pour beaucoup de pays d’Afrique Noire, une fois l’indépendance acquise, malheureusement, certaines personnes deviennent gourmandes au point de conserver le pouvoir pour elles et jettent au cachot leurs compagnons de lutte. Quitte à instaurer un climat de terreur et de violences arbitraires.

J’ai beaucoup apprécié ma lecture même si je n’ai pas tout compris, surtout la fin. En effet, en plus des éléments objectifs mentionnés plus haut, il existe par moments dans le récit des faits relevant plutôt du mystique pouvant déstabiliser le lecteur. Mais in fine, le tout se lit bien et je suis plutôt contente d’avoir découvert Tierno Monénembo avec cette œuvre. Je pense que je lirai volontiers prochainement une autre de ses œuvres. En somme, je recommande même si cela ne change pas beaucoup des récits sur la période coloniale et post-coloniale sur le fond. Il est disponible ici.

Je vous dis à bientôt pour un nouvel article. Dans l’intervalle, prenez soin de vous.

Bisous.