Aya de Yopougon, l’intégrale 1 et 2 (Tomes 1 à 6) – Marguerite Abouet et Clément Oubrerie

La Bande Dessinée, l’autrice et l’illustrateur

Années 1970. Aya est une jeune Ivoirienne, vivant dans le quartier de Yopougon à Abidjan. Entourée de sa famille et de ses amies Bintou et Adjoua, elle évolue dans un monde en plein changement, truffé de questions autour de la place de la femme et ses ambitions, les relations amoureuses ou encore la perception d’un homme par ses pairs. Avec un ton humoristique, porté par des dessins hauts en couleur, le dépaysement est garanti.

Éditions : Gallimard

Pages : 728 (total pour les 2 intégrales)

Marguerite Abouet est née à Yopougon en 1971. Elle part pour Paris à l’âge de 12 ans et y grandit en se passionnant pour les bibliothèques et les livres. Après divers métiers, elle devient assistante juridique puis signe en 2005 Aya de Yopougon I, qui remporte le Prix du Premier album au Festival d’Angoulême. Les autres tomes suivent et la mènent à l’audiovisuel. Le film Aya de Yopougon voit le jour en 2011.

Clément Oubrerie est un illustrateur et dessinateur Français qui voit le jour à Paris en 1966. En dehors de la série Aya de Yopougon, il a également illustré des albums jeunesse et l’adaptation en bande dessinée de romans tels que Zazie dans le métro de Raymond Queneau, entre autres.

Mon ressenti

J’ai adoré. Il s’agit de ma première expérience de bout en bout avec une bande dessinée depuis que je suis « adulte ». Sur la forme, les dessins et les couleurs sont plutôt vifs, et le langage plutôt familier avec des expressions typiquement ivoiriennes, le tout permettant une expérience immersive auprès de la population de Yopougon et même au-delà.

Ainsi, on fait la connaissance d’Aya, jeune Ivoirienne, à la tête posée sur les épaules, en fin d’adolescence – début de l’âge adulte, qui souhaite poursuivre ses études et devenir plus tard médecin. A ses côtés, on retrouve sa famille : son père Ignace, employé dans une brasserie ; Fanta sa mère, assistante de direction chez Singer ; Fofana et Akissi, respectivement son petit frère et sa petite sœur. De façon plus élargie, il y a Bintou et Adjoua, ses deux amies de toujours entourées également de leurs parents. Enfin, plus on avance dans l’histoire, plus on fait la connaissance de personnages tels que Hervé, Félicité, Mamadou, Moussa, Grégoire, Albert et Innocent principalement. Vous expliquer qui ils sont individuellement risquerait non seulement d’être long mais aussi de spoiler l’histoire.

Sur le fond maintenant, comme je le mentionnais dans le résumé au début de cet article, l’univers créé par Marguerite Abouet et Clément Oubrerie permet d’aborder plusieurs sujets tels que les rôles sociaux assignés aux femmes comme aux hommes ; l’acceptation de l’infidélité et de l’adultère dans le couple ; l’homophobie ; la charge financière qui pèse sur les personnes ayant quitté leur famille au village pour la ville ou encore l’aspect d’Eldorado que peut revêtir l’Occident avant d’y arriver pour de vrai et l’attente de ceux qui sont restés de vous voir revenir plein aux as.

En effet, par exemple, Aya est plutôt mal vue par son entourage pour son souhait de vouloir aller plus loin que le lycée et devenir médecin. Ses copines Adjoua et Bintou sont plutôt à la recherche d’un jeune homme fortuné qui sauraient les entretenir. Moussa, fils de l’employeur d’Ignace pense pouvoir avoir toutes les filles qu’il veut parce qu’il a de l’argent. Il n’est d’ailleurs par le seul à le penser… certains hommes en position de pouvoir tout court pense qu’il est normal que les femmes leur tombent dans les bras et peuvent s’avérer violents si tel n’est pas le cas.

La femme est perçue comme devant rester à une certaine place et l’homme doit pouvoir posséder un certain statut financier pour non seulement se faire respecter par ses pairs mais aussi pour pouvoir « impressionner » la gent féminine. Ce qui peut engendrer des comportements à risque (surendettement, mensonges, vol) avec leurs conséquences parfois dramatiques (bagarres, poursuites pour escroquerie). Par ailleurs, l’homme est perçu comme étant presque « infidèle de nature ». Et les femmes ne se font pas non plus prier pour jouer sur plusieurs tableaux dans les relations amoureuses afin de tomber sur le meilleur parti.

Autre élément non mentionné plus haut, c’est aussi la façon dont l’œuvre de Marguerite Abouet met en évidence comment l’inégalité des conditions de vie (naissance, parcours de vie) jusqu’à ce que la chance tourne, joue sur ce que deviennent les gens (exemple de Félicité, la « bonne » de la famille d’Aya ou d’Hervé, garçon qui trainait dans le quartier qui réussira à se faire une situation sur les conseils d’Aya).

Bref, Aya de Yopougon brasse une multitude de situations vécues par les Ivoiriens et leurs proches, le tout raconté d’une façon qui ne manquera pas de vous arracher un sourire. Certaines d’entre elles sont vraiment tristes mais il existe chez les personnages de Marguerite Abouet, une sorte de résilience et d’acceptation leur permettant de continuer à aller de l’avant.

Je ne peux que vous recommander cette série. Le dernier tome (N°7) d’ailleurs a récemment été publié. Je ne sais pas si je vais craquer pour l’acheter ou si j’attends la prochaine intégrale pour me délecter à nouveau des aventures d’Aya, de Bintou, d’Adjoua et de tous les autres. Les BD sont disponibles ici.

Je vous laisse avec ces quelques citations :

« Le fleuve fait des détours parce que personne ne lui a montré le chemin » Simone Sissoko, mère de Moussa – Aya de Yopougon, Tome 3.

« Fanta, garçon garde pas colère longtemps sur lui, sinon il peut avoir cancer du cœur. » Zékinan, père de Félicité – Aya de Yopougon, Tome 4.

Je vous dis à bientôt pour un nouvel article. Dans l’intervalle, prenez soin de vous.

Bisous.



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A PROPOS

La lecture m’accompagne au quotidien depuis quasiment mon enfance. Passionnée par les auteurs Africains, Afro-descendants et des minorités en général, je ne m’empêche pas d’explorer d’autres horizons lorsque j’en ai envie ou lorsqu’on me le propose. Depuis plus de 5 ans, je partage mon ressenti et mes avis aussi bien par ici que sur Instagram, Facebook et Twitter. Bienvenue, j’espère que la visite vous plaira et n’hésitez pas à me suivre sur mes réseaux sociaux pour plus d’échanges autour des livres. Annette.

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