Sans parole ni poignée de main – Tanella Boni*

Le livre et l’autrice

Alors qu’il exerçait ses fonctions de gardien d’immeuble, Fabien se retrouve poignardé et décède sous les yeux ébahis de sa communauté. Quelques mois plus tôt, un bateau avait accosté à Abidjan et avait déversé à l’air libre un tas de déchets au caractère nocif pour la santé. Existe-t-il un lien entre les deux événements ? Comment la population Abidjanaise a-t-elle continué à vivre avec l’odeur pestilentielle ayant envahi ses rues ?

Éditions : Nimba Littérature

Pages : 264

* : livre offert par la boutique Africa Vivre. Partenariat non rémunéré.

Tanella Boni est une romancière, philosophe et poétesse Ivoirienne née en 1954 à Abidjan. Après une première partie de ses études en Côte d’Ivoire, elle poursuivra à l’université à Toulouse puis à Paris. Elle est membre de l’Académie mondiale de la poésie depuis 2001 et a occupé plusieurs fonctions en rapport avec les lettres au cours de sa vie. Elle sera d’ailleurs récompensée pour son roman Matins de couvre-feu en 2005 par le Prix Ahmadou Kourouma.

Sans parole ni poignée de main est son cinquième roman, publié aux Editions Nimba. (Sources : 4e de couverture, Babelio et Wikipedia).

Mon ressenti

Mitigée. Tout d’abord, il faut dire que j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire plutôt à cause de la forme du récit. En effet, sans savoir de quel type de police il s’agissait pour le texte, sa taille relativement plus grosse que ce à quoi j’étais habituée m’a perturbée au départ. Puis j’ai quand même fini par adhérer au récit. Il est narré à la troisième personne mais intègre une dimension un peu plus personnelle dans la mesure où l’on apprend assez vite que Fabien avait un cahier, une sorte de journal intime dans lequel il relatait sa vie et ses pensées et que le/la lecteur/lectrice aura le plaisir de découvrir au fil des pages.

Sur le fond maintenant, je dirai que je n’ai pas tout compris. Je m’explique : Fabien est assassiné, en présence d’un témoin oculaire qui disparaitra pendant un moment avant de refaire surface. Dans les suites de son décès, l’on fait la connaissance d’une partie de sa famille : Adjoua, sa femme ; Rigo son frère cadet ; Ferima sa fille de 20 ans et Jonas, son fils de 7 ans. On fera également la connaissance de ses amis tels que Koimin, Otis et Lewis.

Avec ce beau monde, l’autrice nous fait naviguer dans les problématiques classiques du veuvage dans certaines communautés Africaines Noires (risque de se faire virer par la famille du défunt, remariage avec un frère du défunt) ; les questions d’adultère dans le couple et l’impunité des hommes ; la prostitution des jeunes filles livrées à elles-mêmes ; les dynamiques de pouvoir entre les « pays du Nord » et ceux « du Sud ». Le tout sur le fond du drame écologique qui se jouait depuis plusieurs mois avec les déchets toxiques déposés par un cargo mystérieux et l’enquête sur la mort de Fabien.

Vous commencez peut-être à saisir. J’ai eu l’impression que l’autrice a voulu traiter un sujet vraiment intéressant en y rattachant le vécu des victimes directes mais que la façon de le faire n’a pas été tout à fait adaptée. Cela faisait beaucoup d’éléments à aborder et l’origine du fameux « Bateau Bleu » ou encore le rapport avec la mort de Fabien n’était très clair. Par ailleurs, sans vous spoiler, le dénouement de l’enquête arrive comme un cheveu sur la soupe, paraissant complètement invraisemblable (sauf pour ceux ayant grandi dans les pays d’Afrique Noire, ils ne seront peut-être pas surpris).

Cela dit, malgré ces quelques points « négatifs », j’ai apprécié découvrir la plume de Tanella Boni que je ne connaissais pas. Et c’est ce que je retiendrai de ma lecture : vu que je n’avais pas d’attente particulière ; malgré un ressenti moyen, j’ai été assez convaincue pour lire une autre œuvre de Tanella Boni pour m’en faire une idée plus précise. Elle est restée fidèle à ce que l’on peut lire du vécu des communautés d’Afrique Noire, et dans ce cas Ivoiriennes, avec les éléments de langage, de croyances et de culture qui vont avec.

En somme, je conseillerai surtout pour découvrir Tanella Boni, ensuite pour en apprendre un peu plus sur ce drame environnemental qui s’est déroulé en 2006 à Abidjan avec ses conséquences notamment sur la santé des personnes vivant près du lieu de décharge (des coupures de journaux sont disponibles à la fin du récit pour plus de détails). Je n’en avais pas entendu parler (cela dit j’étais peut-être un peu jeune pour cela). Il est disponible ici. Si certains d’entre vous ont déjà lu d’autres parutions de Tanella Boni, n’hésitez pas à les partager avec moi.

Je vous dis à bientôt pour un nouvel article. Dans l’intervalle, prenez soin de vous.

Bisous.



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A PROPOS

La lecture m’accompagne au quotidien depuis quasiment mon enfance. Passionnée par les auteurs Africains, Afro-descendants et des minorités en général, je ne m’empêche pas d’explorer d’autres horizons lorsque j’en ai envie ou lorsqu’on me le propose. Depuis plus de 5 ans, je partage mon ressenti et mes avis aussi bien par ici que sur Instagram, Facebook et Twitter. Bienvenue, j’espère que la visite vous plaira et n’hésitez pas à me suivre sur mes réseaux sociaux pour plus d’échanges autour des livres. Annette.

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