La conversion – James Baldwin

Le livre et l’auteur

Quatrième de couverture : « Au soir de ses quatorze ans, au milieu des prières cadencées de ses frères, John Grimes traverse un moment essentiel, entre crise spirituelle et épiphanie. Son destin est scellé d’avance selon sa famille : il sera prédicateur. Mais John veut mener sa vie comme il l’entend. Le libre arbitre existe-t-il pour un jeune Noir en Amérique ?

Dans ce premier roman autobiographique, James Baldwin raconte à la fois son expérience et une odyssée collective, celle d’un peuple marqué à jamais par la ségrégation et le racisme. »

Éditions : Rivages Poche

Pages : 320

James Arthur Baldwin est un écrivain Américain, auteur de romans, d’essais, de nouvelles et de poésies, né en 1924 à Harlem (New York) et mort en 1987 à Saint-Paul-de-Vence (Alpes Maritimes). Il grandit dans une famille défavorisée où il s’occupe de ses frères et sœurs. Victime de harcèlement, de viol et d’inceste, il rejoint l’Église Pentecôtiste à quatorze ans où il trouve un certain réconfort avant de la quitter à dix-sept ans, accusant le Christianisme d’avoir encouragé le système esclavagiste Américain.

Faisant partie d’une minorité doublement discriminée (Noir et homosexuel), il s’installe en France à partir de 1948. Après une dizaine d’années en Europe, il retourne aux États-Unis où il s’impliquera dans le mouvement des droits civiques. Il revient en France en 1970 où il terminera ses jours.

La conversion (VO : Go Tell It On The Mountain) est sa première œuvre, semi-autobiographique, parue en 1953. Ce sera le point de départ d’une œuvre prolifique et James Baldwin demeure aujourd’hui un grand nom de la littérature Américaine, Afro-américaine. (Sources : Wikipédia, Babelio).

Mon ressenti

Mitigée. Le récit est divisé en trois parties, la deuxième étant la plus longue. La narration est faite à la troisième personne. Le style d’écriture de James Baldwin est plutôt poétique et imagé, avec d’assez longues descriptions permettant de saisir la profondeur des personnages clés. Par ailleurs, il y intègre des éléments du langage local de l’époque, reflétant quelque part la classe sociale de ses personnages.

En ce qui concerne le fond maintenant, je dirai que la quatrième de couverture est trompeuse. Ou du moins, je n’y ai peut-être pas compris ce qu’il fallait y comprendre. En effet, je pensais que nous aurions à suivre John Grimes sur une sorte de chemin d’émancipation, en dehors de sa communauté natale avec les difficultés que cela pourrait comporter étant donné qu’il est Noir. Ce ne fut pas le cas. On assiste surtout à un moment de « conversion » comme le titre le dit si bien avec l’ensemble de l’action qui se déroule en vingt-quatre à quarante-huit heures, à l’occasion des quatorze ans de John.

John est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants. Sa famille est menée par son père, Gabriel, l’un des quatre diacres de l’église de leur quartier d’Harlem, le « Temple du baptême par le feu ». Bien qu’il n’ait apparemment commis aucun impair, on sent une certaine distance et une antipathie entre John et son père. Ce dernier attend de son fils aîné discipline, rigueur et surtout une vie de foi impeccable. Certaines activités de ce monde (comme aller au cinéma par exemple) sont presque à l’échelle du péché. Ainsi, au cours de la première partie, on découvre la vie de cette famille Afro-américaine de six membres, pauvre, avec des tensions familiales entre les parents mais aussi entre les parents et les enfants (TW violences sur mineurs), toujours dans un contexte historique difficile pour les Noirs.

Ce contexte historique avec une Amérique ségrégationniste sera plus détaillé dans la deuxième partie où James Baldwin nous emmène à la découverte de la vie des trois adultes entourant John : Florence, sa tante paternelle ; Gabriel, son père et Elizabeth, sa mère. Les trois ont quitté le Sud des Etats-Unis où ils ont vu le jour, à différents moments pour aller chercher une meilleure situation au Nord.

Florence et Gabriel avaient une mère ancienne esclave ; qui a beaucoup perdu et qui tenait grâce à la religion et l’espérance d’un monde meilleur dans l’au-delà. Cette espérance était telle que cela virait à l’excès de zèle religieux avec des accès de violence physique sur ses enfants. Florence en a eu marre à un moment et a pris la tangente. Gabriel, quant à lui, après des années à probablement décevoir sa mère, eut comme une révélation un jour et décida de changer de vie. Et pourtant, on percevait encore chez lui un reste d’orgueil pour celui qui se pensait être « l’oint du Seigneur », appelé à faire de grandes choses.

Elizabeth, quant à elle, était orpheline de mère et a été arrachée à son père par sa tante maternelle qui estimait que ce dernier ne lui donnerait pas l’éducation adéquate. Elles ne se sont jamais vraiment entendues et comme pour Florence, le moment venu, Elizabeth mit les voiles vers le Nord.

Chaque personnage dans cette partie est décrit avec son lot d’ombres et de lumières, de doutes et de luttes internes. Le récit est fortement imprégné des notions de péché et de rédemption par le Sauveur, qui semblaient être le moteur de beaucoup de Noirs à l’époque (peut-être encore un peu aujourd’hui…). En dehors des questions raciales et de leurs conséquences (discrimination, accusations arbitraires, précarité sociale), les autres thèmes abordés sont ceux de la violence domestique (que l’on reproduit par exemple après avoir connu cela) ; les relations fraternelles compliquées ; l’adultère ; la maladie, le deuil et leur gestion ; le mariage et ce qu’il représente ou encore l’imposture de certaines figures d’autorité.

J’ai peu apprécié Gabriel. J’ai beaucoup aimé Florence. Et j’ai eu de la peine pour Elizabeth. Quant à John, je ne saurai quoi en dire puisqu’on le suit pendant un court instant. Il essaie de faire au mieux mais Gabriel ne semble pas lui faciliter la tâche. Les autres personnages de leur communauté religieuse m’avaient l’air un peu perchés et la fin m’a laissée abasourdie. J’avoue d’ailleurs avoir survolé les quelques pages précédant le dénouement, qui faisaient la part belle au tourbillon d’émotions et de « visions » qui semblait engloutir John au moment de sa conversion.  

En somme, je ne sais pas si je recommande. Le style de James Baldwin m’a convaincu et m’a donné envie de lire d’autres œuvres de sa bibliographie. Mais La conversion en elle-même ne m’a pas transcendé. Si certains l’ont déjà lu, n’hésitez pas à partager votre ressenti. Ou si vous avez déjà lu les autres productions de James Baldwin, pensez à me laisser quelques recommandations. La conversion est disponible ici.

Je vous dis à bientôt pour un nouvel article. Dans l’intervalle, prenez soin de vous.

Bisous.



Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

A PROPOS

La lecture m’accompagne au quotidien depuis quasiment mon enfance. Passionnée par les auteurs Africains, Afro-descendants et des minorités en général, je ne m’empêche pas d’explorer d’autres horizons lorsque j’en ai envie ou lorsqu’on me le propose. Depuis plus de 5 ans, je partage mon ressenti et mes avis aussi bien par ici que sur Instagram, Facebook et Twitter. Bienvenue, j’espère que la visite vous plaira et n’hésitez pas à me suivre sur mes réseaux sociaux pour plus d’échanges autour des livres. Annette.

Publicités

Allemagne Amadou Hampâté Bâ Amitié Amour Angleterre Bernard Dadié Bilan Blog Cameroun Changement Chine Colonisation Conflit de Cultures Cultures Africaines Côte d'Ivoire Deuxième Guerre Mondiale Dystopie Elif Shafak Esclavage Etats-Unis Famille Femme Femme Noire Ghana Guadeloupe Guerre Guerre Civile Histoire Immigration Japon Mali Maryse Condé Nigeria Nigéria Noir Philosophie Racisme Roman Contemporain Roman Historique République du Congo Sagesse Ségrégation Sénégal Togo Viol

En savoir plus sur Journal d'une Book Addict

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture