Le Meilleur des mondes – Aldous Huxley

Le livre et l’auteur

Nous sommes dans une nouvelle ère. Celle de Ford. La cellule familiale et le fonctionnement de la société tels que nous les connaissons aujourd’hui n’existent plus. Les enfants sont conçus et naissent dans des centres dédiés avant d’être conditionnés sur un certain modèle pour la société. Bernard Marx et Lenina Crowne travaillent dans le centre de Londres. Pris d’une soudaine envie d’aller découvrir ce qui reste de l’ancienne ère, ils partent pour l’Amérique Latine. Un voyage plein de surprises, qui ne manquera pas de chambouler leur fonctionnement social…

Éditions : non précisé sur la version numérique en ma possession.

Pages : 100

Aldous Huxley est un écrivain, romancier et philosophe Britannique, membre de la famille Huxley bien connue en Angleterre (et probablement un peu en dehors) pour avoir plusieurs membres ayant excellé dans la science, la médecine ou les arts. Il est né en 1894 à Godalming. Il est diplômé en littérature anglaise au Balliol College de l’Université d’Oxford. Il se consacre à l’écriture vers l’âge de 20 ans. Il est surtout connu pour ses romans dont Le Meilleur des Mondes paru en 1932, pour lequel il recevra la Médaille du mérite de l’Académie Américaine des arts et des lettres. Il sera nommé sept fois pour le Prix Nobel de Littérature et sera considéré à la fin de sa vie comme étant l’un des Intellectuels les plus marquants de son temps.

Il décèdera en 1963 à Los Angeles. (Sources : Wikipédia, Babelio).

Mon ressenti

Perturbant. Le récit est écrit à la troisième personne avec l’insertion à plusieurs endroits de citations tirées d’œuvres de Shakespeare.

Sur le fond, j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire. Je peinais à me représenter l’ensemble du monde décrit par Aldous Huxley à travers ses lignes. L’on découvre d’abord le fonctionnement du centre où sont « fabriqués » les bébés puis tout ce qui concerne leur conditionnement social (utilisation de l’hypnopédie entre antres). Ils ont certes des prénoms mais ils sont regroupés en catégorie dénommée par les lettres grecques : Alpha, Bêta, Delta, Epsilon et j’en passe. Bien sûr, les Alphas sont au-dessus de la chaîne et les Epsilons les moins nantis d’un point de vue physique mais aussi intellectuel. Un ordre social est établi et semble aller de soi, de telle sorte qu’aucune contestation n’existe et chacun s’occupe de faire son boulot et de vivre sa vie selon les codes appris. Par ailleurs, la maladie et la vieillesse n’existent pas.

De façon similaire à l’œuvre de Ray Bradbury (Fahrenheit 451), l’on retrouve des notions similaires d’uniformisation de la pensée et de la recherche de plaisir instantané via divers moyens sans avoir à se poser des questions existentielles ou à nourrir des réflexions personnelles. Certes les livres n’y sont pas complètement interdits comme dans le monde de Montag mais ils ne font pas partie des sources de distraction les plus plébiscitées.

Concernant les relations humaines, là encore, il s’agit de consommer encore et toujours sans se poser de questions. Le sexe est à la portée de tous et vivement encouragé. Les notions de monogamie et de fidélité paraissent absurdes. L’évocation seule de la cellule familiale, et surtout de la mère (je n’ai toujours pas compris pourquoi) suffit à dégoûter les personnages. Tout est permis et très tôt. Et lorsque les situations du quotidien deviennent trop « gênantes » ou discordantes avec le conditionnement, une petite dose de « soma » (une espèce de drogue) pour vous plonger dans un sommeil réparateur (un « congé ») et c’est reparti après.

Ainsi Bernard Marx, paraissant bizarre aux yeux de ses collègues sera souvent encouragé à consommer ce fameux « soma ». Il y résistera longtemps mais finira par y céder à un certain moment. Au début, il me semblait différent du reste de ses congénères. Mais la suite des évènements notamment au retour de son voyage en Amérique Latine, mettra en évidence le fait qu’il était surtout mal dans sa peau en raison du rejet apparent de ses pairs et qu’il ne voyait pas d’inconvénient à se comporter comme eux, une fois que ceux-ci finalement l’admiraient pour la « nouveauté » qu’il avait ramené d’Amérique Latine.

En effet, de la fameuse Réserve dans laquelle Lenina et lui s’étaient rendus, ils reviendront avec un « Sauvage », né et grandi loin de cette « civilisation » et qui donc ne connaissait aucun des rouages de cette société hyper normée, hyper conditionnée. En d’autres termes, il s’agissait d’un humain « normal », avec des émotions, des questionnements sur le mode de vie qu’il découvrait et qui ne percevait pas les relations de la façon dont cette société dite civilisée tentait de le lui faire voir.

Il deviendra aussitôt l’attraction de Londres et pour quelqu’un qui était plutôt sain d’esprit, toute cette attention et le comportement des personnes autour de lui finira presque par lui faire perdre la tête. Cela dit, il était intéressant de constater qu’il n’était finalement pas le seul à encore posséder des considérations de l’Ancien Monde et que Mustapha Meunier, l’Administrateur Mondial Régional de l’Europe occidentale, sorte de chef suprême veillant sur l’ordre établi, partageait quelques points communs avec le Sauvage.

Leur échange vers la fin du récit fut très enrichissant avec des questions touchant à l’amour, au bonheur, à l’art, à l’ordre social et à la science par exemple. Et là on se rend compte que dans ce genre d’histoire, l’autorité finalement est celle qui possède le savoir et la connaissance, en maintenant le petit peuple dans l’ignorance à coups de moyens de distraction tous plus variés les uns que les autres… On croirait voir un certain monde (le nôtre)

En somme, je dirai que si l’on s’intéresse à la dystopie, je pense qu’il fait partie des incontournables à lire. Il n’est pas très facile à appréhender et parfois j’ai dû faire abstraction de certains concepts et passages pour ne pas me noyer dans l’histoire et poursuivre ma progression sans trop de difficultés mais je pense qu’il en vaut la peine. Il est disponible ici. Et je vous laisse avec ces passages :

« Le bonheur est un maître exigeant, – surtout le bonheur d’autrui. Un maître beaucoup plus exigeant, si l’on n’est pas conditionné pour l’accepter sans poser de questions, que la vérité (…) Mais la vérité est une menace, la science est un danger public. » p. 86

« On ne peut avoir une civilisation durable sans une bonne quantité de vices aimables (…) la civilisation n’a pas le moindre besoin de noblesse ou d’héroïsme. Ces choses-là sont des symptômes d’incapacité politique. » p.89

Sur ce, je vous dis à bientôt pour un nouvel article. Dans l’intervalle, prenez soin de vous.

Bisous.



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A PROPOS

La lecture m’accompagne au quotidien depuis quasiment mon enfance. Passionnée par les auteurs Africains, Afro-descendants et des minorités en général, je ne m’empêche pas d’explorer d’autres horizons lorsque j’en ai envie ou lorsqu’on me le propose. Depuis plus de 5 ans, je partage mon ressenti et mes avis aussi bien par ici que sur Instagram, Facebook et Twitter. Bienvenue, j’espère que la visite vous plaira et n’hésitez pas à me suivre sur mes réseaux sociaux pour plus d’échanges autour des livres. Annette.

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