Verre cassé – Alain Mabanckou

Le livre et l’auteur

Verre Cassé est un client assidu du bar Le Crédit a Voyagé. Toutes ces années passées au comptoir de ce bar crasseux lui ont donné l’occasion de voir défiler une panoplie de personnages tous plus variés les uns que les autres. Sur la demande du patron du Crédit a Voyagé, Verre Cassé se glisse dans la peau d’un écrivain (qu’il dit ne pas être) pour nous relater d’un ton acerbe et franc les déboires de tout ce petit monde.

Captivantes, parfois invraisemblables voire choquantes, les lignes de Verre Cassé ne manqueront pas de vous faire un petit effet et vous ne saurez vous arrêtez avant d’avoir tourné la dernière page.

Éditions : Points

Pages : 248

Alain Mabanckou est un écrivain Franco-congolais, né à Pointe-Noire en République du Congo en 1966. Après son baccalauréat en lettres et philosophie, il étudie le Droit d’abord à Brazzaville puis dans plusieurs universités de France. Après plusieurs années au sein du groupe Suez, il commence à se consacrer à l’écriture après la parution de son œuvre Bleu-Blanc-Rouge (Présence Africaine, 1998) pour laquelle il reçoit le Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire. Par la suite, il reçoit de nombreuses distinctions (trop nombreuses pour être listées ici) pour ses ouvrages dont le Prix Renaudot pour Mémoires de Porc-épic paru après Verre Cassé (qui a d’ailleurs été salué par la presse) en 2006-2007.

A ce jour, Alain Mabanckou exerce comme professeur titulaire de Littérature Francophone à l’Université de Californie à Los Angeles.

Mon ressenti

Magistral. Une lecture hors du commun. Ne serait-ce que sur la forme. Avez-vous déjà entendu parler d’un livre sans majuscule en début de phrase ni point final lorsque celle-ci est finie ? Si non, eh bien, en voici un. Le récit démarre sur les chapeaux de roue et le conteur (ici Verre Cassé lui-même) nous fait savoir qu’il n’est pas écrivain de nature, qu’il ne cherche pas à l’être et que ce faisant, il dirait ce qu’il avait à dire à sa façon. Le contenu est réparti grossièrement en deux parties : premiers et derniers feuillets et il n’existe pas de réel chapitrage. De mon point de vue, cette façon d’écrire avait peut-être pour but d’illustrer la logorrhée que l’on peut observer chez certains ivrognes, complètement désinhibés et un peu trop joyeux. Après un moment d’appréhension quant au rythme à maintenir pour ne pas perdre le fil de ma lecture, je me suis vite rendu compte qu’il se lisait plutôt bien et qu’il y avait quand même des aménagements pour faire des pauses sans pour autant se perdre lorsqu’on revenait à sa lecture.

Maintenant en ce qui concerne le fond, comme je le disais, Verre Cassé était un peu devenu l’observateur et le confident de la populace qui se pressait entre les tables du bar Le Crédit a Voyagé. Avec franchise, parfois sans pudeur, certains habitués n’hésitaient pas à livrer leurs malheurs et parcours de vie à ce cher Verre Cassé qui les transcrivait aussitôt en y rajoutant son grain de sel. Ainsi, on fait la rencontre du Vieux aux couches Pampers ; l’Imprimeur qui a fait la France ; Moukeye l’escroc féticheur ; Robinette la championne de la pisse et bien sûr le patron du Crédit a Voyagé lui-même, l’Escargot Entêté. En dépit de la tristesse profonde de certaines histoires, le ton de la narration ne peut que vous arracher un sourire. Par ailleurs, derrière le caractère un peu « simplet » des diverses aventures qui nous étaient présentées, se cachaient des petites piques envers le gouvernement Congolais, la colonisation ou encore ce que j’appellerai le rejet de l’homme Noir par lui-même (cf. l’histoire de l’Imprimeur).

Enfin, le joyau, je pense de cette lecture fut toutes les références culturelles distillées de la première à la dernière page. Pour moi qui suis une grande lectrice, j’ai pu reconnaitre les titres d’ouvrages d’environ 17 auteurs – et je pense être passée à côté d’autres références – tels que Maya Angelou ; Amadou Hampâté  ; Albert Camus ; Gabriel Garcia Marquez ; Raphaël Confiant ; Ferdinand Oyono ; Sembène Ousmane ; Mariama Bâ ; Toni Morrison et bien d’autres que je ne citerai pas pour ne pas alourdir mon article. Il se peut également qu’il y ait des références cinématographiques ou des titres de chansons culte mais étant moins cultivée sur ce sujet, je n’ai pu les répertorier.

Bref, vous l’aurez compris, c’est encore une autre recommandation de lecture. il faut le lire pour comprendre. Je pensais m’en séparer mais je pense que je vais le conserver pour le relire un de ces quatre afin de dénicher encore plus de subtilités derrière les commentaires de Verre Cassé. Ce dernier n’est pas en reste et après s’être fait le rapporteur des histoires des uns et des autres, nous livrera son parcours de vie, aussi rocambolesque que celui de ses compères.

Il est disponible ici. Je vous dis à bientôt pour un nouvel article.

Dans l’intervalle, prenez soin de vous.

Bisous.

Une réflexion sur “Verre cassé – Alain Mabanckou

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